Octomes

Près de cinquante ans après les événements du dernier tome, une nouvelle génération de terriens explorateurs d’espace mène la danse dans ce texte où Pierre Raufast joue avec son lecteur comme il sait si bien le faire. Adam est un jeune psychologue qui étudie une nouvelle population née sur Terre à partir du clonage d’un génome trouvé dans l’espace, les Octomes. Lorsque le récit démarre, les Octomes sont encore des enfants. Adam et sa compagne Liisi se questionnent sur l’évolution de cette nouvelle population très intelligente. Ensemble, ils proposent d’envoyer des vaisseaux en orbite à proximité de trous noirs artificiels : le temps passera plus vite pour ses occupants sans qu’ils ne subissent l’inévitable acclimatation progressive de ceux restés sur Terre, qui devient alors un biais cognitif. Suite à une malveillance ou un problème mécanique, Adam se réveille après une panne qui l’a entraîné dans le trou noir et lui a fait passer non pas les quelques dizaines d’années initialement prévues mais bien plus de cinq-cent-ans. La Terre n’est plus du tout ce qu’il a connu et Liisi est potentiellement décédée depuis longtemps. Dans ce roman de hard science fiction, Pierre Raufast nous retourne le cerveau de toutes les manières possibles. C’est un texte extrêmement intelligent qui questionne, entre autres, notre usage actuel des technologies et de l’intelligence artificielle, l’évolution des modes de vie et nos biais cognitifs. Mais au-delà d’un aspect technique absolument fascinant, c’est aussi un roman aux ressorts bien huilés. Son suspense nous maintient en haleine et nous fait avaler des pages de concepts qui peuvent paraître totalement abstraits avec une facilité et une voracité déconcertantes.