Littérature étrangère

Carlos Ruiz Zafon

Marina

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Chronique de

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Avec Marina, qui paraît simultanément chez Pocket et Pocket jeunesse, Carlos Ruiz Zafón, dont on peut lire en cette rentrée Le Palais de minuit (Robert Laffont et Pocket jeunesse), nous entraîne dans le Barcelone de la seconde moitié du xxe siècle.

Dès les premières pages, le lecteur est envoûté par le destin et les aventures du jeune Oscar Drai, quinze ans, pensionnaire au milieu des années 1980 dans un collège de Barcelone dont il s’échappe souvent pour découvrir les lieux qui l’entourent et entrer dans les maisons du quartier de Sarria qui lui paraissent abandonnées. Le hasard le met un jour en présence de la mystérieuse et troublante Marina, qui deviendra sa meilleure amie. Avec elle, il passera ses plus beaux moments de liberté dans la demeure de Germain Blau, l’énigmatique père de la jeune fille. À la manière d’un Edgar Allan Poe, Ruiz Zafón parvient à créer des atmosphères bizarres ou carrément inquiétantes, lorsqu’il prend à Marina et Oscar la fantaisie de suivre une vieille femme vêtue de noir qui les mène dans un étrange repaire truffé de marionnettes mutilées. Le destin des deux personnages bascule et c’est le début d’un voyage dans la Barcelone de la première partie du xxe siècle à la recherche d’hypothétiques indices sur le couple Mijail et Eva Kovelnik, de la société de matériel orthopédique Velo-Granell… Dans ce récit haletant et flamboyant, capable de passer du style de Dickens à celui de Bram Stoker, Ruiz Zafón nous tient en haleine sur plus de 600 pages en nous plongeant dans l’atmosphère d’une ville inédite, aujourd’hui disparue. Les deux héros se retrouvent successivement dans un cimetière puis dans une pléthore de lieux étranges où le danger est omniprésent. Une aventure inoubliable qui sera aussi celle de leur premier amour. À certains moments, l’enquête policière prend des allures de thriller gothique. Une veine gothique qui, associée à une certaine esthétique expressionniste et à de vraies qualités de conteur, est devenue la marque de fabrique de l’auteur. En effet, Carlos Ruiz Zafón, qui a commencé par écrire pour la jeunesse au début des années 1990 – quatre romans en tout, dont Marina, les trois autres n’ayant pas été traduits –, parvient à nous tenir en haleine du début à la fin de cette enquête riche en rebondissements et en personnages.

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