Littérature française

Alissa York

Fauna

illustration
photo libraire

Chronique de

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Edal est agent fédéral à Toronto. Après avoir passé des années à traquer les braconniers et à démanteler les réseaux de trafiquants d’animaux, elle se retrouve à bout de forces, mise au repos forcé pour surmenage. Elle ne peut pourtant se résoudre à rester enfermée entre quatre murs. Commence alors pour elle une longue errance dans Toronto, qu’elle pensait connaître comme sa poche. Mais au cours d’une de ses déambulations, elle découvre un lieu singulier à l’écart du tumulte de la ville, au cœur d’une décharge. Au milieu des carcasses de voitures, Guy, le responsable de la casse, accueille hommes et animaux blessés par la ville, abandonnés ou malmenés par la vie. Dans cet univers clos et étrangement sécurisant, Edal découvre Stephen, qui cherche à se reconstruire après avoir été soldat en Afghanistan, et Kate, une jeune vétérinaire. Il y a aussi Lily, l’écorchée vive qui a atterri là avec son chien Billy après avoir quitté un foyer où elle n’était plus en sécurité. Chacun à leur manière, ils tentent de trouver auprès de la nature et des animaux qu’ils soignent la force nécessaire pour oublier leur passé et pour avancer. Individuellement, le travail est difficile, mais ensemble ils parviennent à reprendre confiance en la nature humaine. Se concentrant sur leur rapport au monde animal, ils veulent oublier l’âpreté du monde urbain qui les a détruits.
Fauna est l’histoire de plusieurs combats : celui de ces êtres bousculés par trop de vagues et rejetés sur la rive, désorientés et épuisés ; celui d’une nature en lutte constante avec les débordements de la ville moderne. Mais c’est surtout un roman qui combat l’idée étroite et insensée que la nature n’apporte rien à l’homme et qu’il peut s’en sortir seul. Alissa York nous invite à plus d’humilité, et sans aucun moralisme, se révèle une fabuleuse conteuse moderne.

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