Littérature française

Harold Cobert

Le Rouge et le Blanc

illustration

Chronique de Dolly Choueiri

Librairie Des gens qui lisent (Sartrouville)

Avec cette fresque historique vertigineuse et dévorante, Harold Cobert nous entraîne dans les méandres de l’Histoire et de la révolution d’Octobre, aux côtés de trois personnages inoubliables. Une claque !

L’histoire commence en 1914, à l’aube de la Première Guerre mondiale. Trois adolescents jouent dans un jardin d’été : les deux frères Alexei et Ivan, et la malicieuse Natalia, leur sœur de lait, dont ils sont tous deux secrètement amoureux. Derrière les datcha en fleurs et les jeux d’enfants, gronde le souffle de la guerre. La révolution d’Octobre en est à ses balbutiements et, déjà, il s’agit de choisir son camp. Ivan défend une Russie égalitaire, ayant aboli la société de classe, quel que soit le prix à payer : peu importe ce qu’il faut abandonner pour y arriver. Alexei est plus mesuré et prévient son frère des dangers d’une position trop radicale. La guerre civile sépare irréversiblement les deux frères. De la naissance de l’URSS à la Seconde Guerre mondiale, de la montée de la puissance nucléaire à l’horreur de la torture, des goulags et des camps, Natalia, Alexei et Ivan se battent pour leurs idéaux, leurs convictions, leurs illusions. Dans ces pages implacables, on rencontre tour à tour Lénine, Staline ou encore l’humour de Churchill ; on déambule dans le Berlin d’avant-guerre, dans un New York en pleine effervescence ou dans les villages désertés et terrifiants de la campagne russe. Quel camp choisir ? À qui faire confiance ? Doit-on mourir et assassiner pour défendre un idéal ? Ce roman, parfaitement documenté et maîtrisé, est à la fois un livre d’aventure, d’espionnage, d’Histoire et d’amour, impossible à lâcher. Les personnages deviennent nos compagnons le temps de la lecture et, au fil des pages, on ne peut s’empêcher de se demander : et nous, qu’aurions-nous choisi ? L’amour, la jalousie, la trahison, l’horreur, traversent ce roman plein de rebondissements dont le souffle romanesque nous dépose, exsangues, au matin de la chute du mur de Berlin, après un voyage terrible et grandiose.