Jeunesse

Jo Witek

Peur express

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photo libraire

Chronique de Aurélia Magalhaes

Bibliothèque/Médiathèque Jean Cocteau (Massy)

Que s’est-il passé dans le T.G.V. Paris-Lyon au cours de la nuit du 22 décembre ? Alors que le train est immobilisé sur la voie par la neige, six adolescents venus d’horizons différents vont faire le plus mystérieux voyage qui soit. Un voyage au pays de leurs peurs les plus enfouies, qui les transformera à jamais.

Ce soir de décembre, le T.G.V. à destination de Lyon n’aurait jamais dû partir. La météo annonçait d’abondantes chutes de neige. Alors que le contrôleur a un mauvais pressentiment, Jeanne, la conductrice expérimentée, dans un excès de confiance, décide de partir quand même. S’ils passaient Valence, ils étaient sauvés… À bord de ce train, six adolescents. Plus ou moins bien dans leur peau, ils portent en eux des fêlures avec lesquelles ils ont appris à vivre. Bientôt, le train est immobilisé sur un viaduc. Impossible de faire venir les secours. La rame no1, celle des adolescents, est plongée dans le noir. Plus d’eau ni d’électricité. Le cauchemar commence, pour les héros comme pour l’ensemble des passagers. Les six protagonistes sont face à leurs angoisses : en proie à des visions, ils sont livrés à eux-mêmes. Pour survivre, si la violence apparaît d’abord comme une alternative, leur instinct de vie prend le dessus et leur permet de surmonter les épreuves. Ce faisant, ils se découvrent des ressources insoupçonnées qui leur seront d’un grand secours pour la suite. Changeant de locomotive, la conductrice finit par repartir. Ce qui s’est passé dans le T.G.V. 175 demeure un mystère. Évidemment, de nombreuses plaintes ont été déposées. Mais après plus d’un an d’enquête, le lieutenant de police n’a pas réussi à éclaircir ce qui s’est réellement passé dans la tête de ces ados. Tout le monde sait bien que les fantômes n’existent pas… Car c’est bien de cela qu’il s’agit, les jeunes garçons ont cru voir des personnes qui toutes sont mortes. Dépassé, le policier fait appel, en secret, à un scientifique du CRPSI, un centre de recherche qui analyse les phénomènes inexpliqués. Edward Michet prend le relais. Il retrouve les adolescents dont la vie s’est considérablement modifiée. Tandis que certains semblent apaisés, il aide les autres à ébaucher un début de réponse aux questions qui les bouleversent. Contrairement aux autres adultes, dérangés par ces phénomènes anormaux, Michet les croit et les aident à accepter le fait qu’ils sont des êtres particuliers.

Difficile de lâcher ce roman au rythme trépidant. Dans la première partie, la tension monte : le lecteur assiste impuissant à tous ces signes avant-coureur qui auraient dû faire renoncer au voyage. Le malaise des adolescents amplifie ce sentiment d’angoisse, qui atteint le comble dans la seconde partie. Les chapitres courts, passant d’un héros à l’autre, chacun étant confronté à une situation de plus en plus périlleuse, donnent au roman un rythme infernal. Si les protagonistes sont amenés à vivre des expériences extrêmes, il en est de même pour le lecteur qui doit forcer la barrière du rationnel pour avancer dans le livre. Digne des meilleurs Stephen King, Peur Express nous conduit jusqu’au bout de l’enfer. Mais son astuce réside aussi dans sa résolution, dans un retour à la normale qui permet de trouver une solution à ce qui paraissait irréel. En ce sens, ce thriller se double d’un roman psychologique qui ne peut laisser indifférent.

 

Lire aussi l'article d'Alexia Sevoz sur Rêves en noir.

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