Polar

Dominique Sylvain

Mousson froide

illustration

Chronique de Maria Ferragu

Librairie Le Passeur de l'Isle (L'Isle-sur-la-Sorgue)

En une vingtaine de romans, Dominique Sylvain a su construire un véritable univers, fait de polars et de romans noirs. Avec Mousson froide, on la retrouve au sommet de son art, dans un roman haletant, vibrant et résolument humain.

Mark Song et sa mère ont reconstruit une vie à Montréal après avoir quitté la Corée vingt-cinq ans plus tôt. Il leur fallait partir le plus loin possible de ce pays, porteur d’un drame terrible impliquant le père de Mark, un homme méchant et terrifiant. Vingt-cinq ans ont passé et pourtant le traumatisme est toujours présent dans la mémoire de Mark. Il est devenu un flic d'envergure, a résolu quelques affaires emblématiques mais reste torturé par ses souvenirs et abuse des médicaments et de l’alcool. Pourtant, il est particulièrement impliqué dans sa nouvelle enquête qui vise à démanteler un réseau pédopornographique. Il est aidé par son équipe et notamment sa collègue et amie, Jade Assiniwi, jeune femme d’origine indienne, et son labrador Jindo, dressé pour retrouver les appareils électroniques pouvant contenir les fichiers compromettants. Alors qu’il vient d’apprendre que son père a été libéré en Corée, l’enquête s’accélère et les crimes suspects se multiplient dans la ville. Comme à son habitude, Dominique Sylvain signe un roman à la construction impeccable et implacable ! Elle fait de ce roman choral, sombre et hypnotique, un texte impossible à lâcher dont elle dévoile progressivement les fils en l’alternant les époques. Le soin apporté aux personnages, leur complexité et leurs fragilités les rendent extrêmement attachants. Elle a su trouver le juste équilibre entre la violence qui émaille ce récit et des moments plus doux, voire drôle, notamment lorsqu’elle donne la parole au chien, nous accordant ainsi une pause de légèreté ! La ville de Montréal, ralentie par la neige qui étouffe les bruits et les températures polaires, contribue à rendre singulière l’ambiance générale de ce roman qui est aussi une véritable invitation à un voyage dans les turpitudes de l’âme humaine.

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