Littérature française

Hoai Huong Nguyen

Le Cri de l’aurore

illustration

Chronique de Maria Ferragu

Librairie Le Passeur de l'Isle (L'Isle-sur-la-Sorgue)

Hoai Huong Nguyen signe ici un troisième roman épistolaire placé sous le signe de l’amour et de la poésie. Cette forme vient rythmer le texte et renforcer le sentiment d’urgence lié à la situation des personnages.

L’auteure le dit en préambule, cette histoire aurait pu se passer il y a 200 ans, mais l’histoire racontée est bien une fiction dont l’action se déroule dans un lieu où la liberté des individus et le libre-arbitre ne sont pas monnaie courante, et où les femmes se résument trop souvent à de simples ornements. Ce pays inconnu a abrité l’amour de Thanh et Isey. Leur vie bascule le jour où il est arrêté pour d’obscurs motifs de rébellion contre le pouvoir en place, incarcéré et soumis à l’isolement dans une prison en attendant son procès. Commence alors pour sa femme un combat de l’ombre pour tenter de faire libérer son mari, d’abord en passant par les chemins officiels. Quand elle voit que les dés sont pipés et que son mari risque la pire condamnation, elle fait preuve d’une détermination sans égal pour tenter d’organiser son évasion. C’est dans les lettres écrites à son mari qu’on la découvre vraiment, dans cet amour absolu qui lui donne la force de donner naissance et d’élever seule une enfant qui sera peut-être privée de son père pour toujours. Elle se fait les yeux de son mari privé de liberté pour lui transmettre la beauté de son quotidien, le rattacher à la vie en lui rappelant les détails de leur intérieur, chaque geste et chaque sourire du bébé qu’il ne voit pas grandir. De son côté, il lui renouvelle à chaque lettre la force de son amour en écrivant des haïkus qui célèbrent la femme qui se bat pour lui et les sentiments qu’il ressent à son égard. C’est donc le grand roman d’un amour contrarié que nous donne à lire Hoai Huong Nguyen, dans une prose rythmée par la cadence des lettres et portée par une poésie omniprésente qui sait donner aux choses simples le parfum de la vie et à l’amour le cri de l’aurore (comme le disait Victor Hugo).

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