Littérature française

Olivier Bleys

Discours d’un arbre sur la fragilité des hommes

Chronique de Jean-François Delapré

Librairie Saint-Christophe (Lesneven)

Qu’est-ce qu’un arbre contre la cruauté de notre société, surtout quand il s’agit d’une société chinoise devenue folle ?

Connaissez-vous le Sumac, l’arbre à laque, cette matière que l’on puise dans la sève de l’arbre en l’incisant. Il en est un dernier sur le misérable terrain des Zhang, à Shenayng, dans la province du Liaoning. Ce terrain, Wei veut l’acheter, car sous l’arbre repose ses parents. Aussi, yuan après yuan, année après année, la famille met de l’argent de côté. Il va bientôt être temps d’aller à la rencontre du propriétaire, qui s’est engagé, il y a longtemps, à accepter de se séparer de ce lopin de terre inexploitable. Mais quand on découvre du terbium dans le sous-sol, l’une de ces terres rares dont sont friandes les nouvelles technologies, que vaudra la parole d’un homme face aux tractopelles lancées à l’assaut du sol ? Olivier Bleys tisse un roman aux teintes douces, où les Zhang évoquent leur terre, leur maison, leurs vies, mais il donne aussi à voir la brutalité de cette Chine avide, impitoyable, prête à tout écraser pour assouvir sa soif inextinguible de richesse. D’une poésie toute asiatique, cette nouvelle lutte d’un pot de terre contre un pot de fer, tient aussi par une pirouette finale toute taoïste. Hou-Chi reposera en paix… n’est-ce pas là l’essentiel ?

illustration

Les autres chroniques du libraire