Littérature étrangère

Tuna Kiremitçi

Un été

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photo libraire

Chronique de Catherine Le Duff

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Ça commence par l’histoire d’un jeune homme débarqué en France par un beau matin de l’été 1998 pour un stage de cinéma à La Rochelle. Ça continue avec celle d’une femme perdue entre deux âges, entre passé et avenir, cristallisant son angoisse de vivre dans ce jour où son père se décide à mourir. Ça se termine par l’existence d’un homme en perpétuelle résistance contre le monde et contre lui-même, contre la mort et pour la vie. Ça, c’est le roman de leurs histoires, distinctes autant qu’entremêlées. Si ces destins intrinsèquement liés chavirent ce jour d’été, si tous trois lâchent prise le temps d’une journée, c’est pour mieux laisser dériver leurs souvenirs et leurs existentielles amours. À l’aube de sa vie adulte, Yakup découvre en France l’éphémère joie d’aimer, les troubles de l’amitié et une liberté aussi forte qu’elle peut être destructrice. Les deux semaines passées près de l’océan réveillent son humanité et avivent son appétit de vivre. Leyla, restée en Turquie où ils vivent et se sont rencontrés, parcourt les rues à la recherche de la petite fille qu’elle a été et des origines de la haine vouée à ce père qui se meurt. Ses errances à travers les rues lui font voir combien la ville est belle et comme la vie peut lui ressembler. Et si l’âme de Halil, son mari, lui échappe, peut-être est-ce simplement que lui non plus ne l’a pas trouvée : hanté par la perspective d’une mort prochaine, il s’est efforcé de vivre vite. Entre deux rives, les flots l’entraînent au plus près de lui-même et de ce qu’est sa force. « Sur le chemin de la liberté, ils avaient essuyé des tempêtes qui ne leur avaient rien épargné ». Leur filiation ne serait qu’illusion et folie du hasard, mais ces trois-là vivent, pensent et aiment si fort qu’ils nous emportent loin, longtemps.

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