Le Compromis de Long Island

Au printemps 1980, après avoir été kidnappé devant chez lui, Carl Fletcher, l’un des hommes les plus riches de la banlieue de Long Island, est libéré contre une grosse rançon. Seulement, cet épisode traumatique va engendrer bien des névroses et des dysfonctionnements dans cette riche famille dont le grand-père polonais, jeune juif ayant fui l’Holocauste et devenu magnat du polystyrène, est à l’origine de la fortune familiale. Suite à cet enlèvement, la terrible Phyllis oblige son fils à penser que « cela n’est arrivé qu’à son corps », sa femme Ruth se sacrifie pour tenter de sauver la santé mentale de son mari et les trois enfants, Nathan, Bernard (dit Beamer) et Jenny, devront grandir et se construire autour du silence. Des années après, le lecteur retrouve la famille Fletcher autour de l’enterrement de la matriarche Phyllis. Nathan est désormais père de famille, petit avocat timoré sans ambition. Beamer réécrit le même scénario pour Hollywood depuis des années et se shoote aux médicaments, à la drogue et à toutes sortes de dérives sexuelles tout en étant très attaché à sa femme presbytérienne et à ses deux enfants. Jenny, l’enfant la plus brillante de la famille, est devenue syndicaliste professionnelle. Le lecteur est plongé au sein de cette famille juive new-yorkaise dont l’autrice met à l’épreuve tous les piliers qui la composent, avec humour et philosophie mais sans concessions. À travers ses personnages instables, Taffy Brodesser-Akner s’attaque au trauma, aux conséquences sociales et psychologiques de l’hyper richesse, à la mort, au rêve américain ainsi qu’aux épreuves, aux non-dits et à la force de l’amour dans une famille. Elle nous emmène dans un tourbillon narratif parfaitement maîtrisé et la fin terrible promise adviendra. Mais certainement pas comme vous l’aviez imaginée.