Polar

Fred Vargas

Temps glaciaires

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photo libraire

Chronique de Hélène Woodhouse

Librairie Le Bateau Livre (Lille)

Voici le roman policier le plus attendu de l’année ! Temps glaciaires marque l’arrivée de Fred Vargas chez Flammarion, en même temps que le retour du commissaire Adamsberg. Un excellent cru.

 

Ça faisait quelques mois que les lecteurs nous demandaient : « Il n’y a pas un nouveau Fred Vargas ? » Pour être honnête, nous aussi on trouvait le temps long. Presque quatre ans après avoir frissonné avec les légendes normandes de L’Armée furieuse, on peut enfin se précipiter sur le nouvel opus de la reine du « rompol ». Tout commence par une lettre innocemment postée par la brave Marie-France, qui pourtant « tourna sept fois [sa] pensée dans sa tête avant d’agir. » Que contenait donc cette missive pour qu’on retrouve son auteur, la vieille Alice Gauthier, morte dans sa baignoire ? On pourrait bien sûr classer l’affaire, puisque tout indique un suicide, excepté ce signe étrange dessiné au crayon à maquillage, près de la baignoire. Une lettre en alphabet cyrillique ? Des initiales ? Un symbole franc-maçon ? Même Danglard, pourtant incollable sur ce genre de devinettes, n’arrive pas à mettre le doigt dessus. Quitte à y voir tout et n’importe quoi, Adamsberg, lui, y devine une guillotine. L’enquête en serait sans doute restée là, si Marie-France ne s’était pas décidée à intervenir. Sa mémoire bien entraînée lui permet d’indiquer aux enquêteurs l’adresse à laquelle la lettre était libellée, adresse où ils se rendent sans tarder pour y être confronté à un nouveau drame. En effet, le propriétaire des lieux s’est tiré une balle dans la tête quelques jours auparavant. Son fils est effondré. Ce deuxième « suicide » – il reste à prouver que c’en est bien un – aurait-il un rapport avec la fameuse lettre ? Alors qu’Adamsberg et son équipe établissent un lien entre les victimes – toutes deux ont participé à une expédition en Islande qui s’est révélée fatale à certains membres de l’équipe d’explorateurs –, un troisième cadavre surgit. À l’autre bout de la France, cette fois, mais toujours frappée du fameux signe. Dans sa bibliothèque, les policiers tombent sur des guides consacrés à l’Islande. Les trois disparus ont d’ailleurs un autre point commun, celui d’avoir été membres d’une société robespierriste d’un genre particulier…
Fred Vargas met à nouveau ses talents d’historienne au service de son intrigue, et plonge le lecteur au cœur de la Terreur. Une assemblée de farfelus s’amuse à reconstituer, en costume, les grands procès du Tribunal révolutionnaire qui a envoyé, entre autres, Georges Danton et Camille Desmoulins à l’échafaud. Si les condamnations sont fictives, il semble néanmoins qu’il y ait bien un véritable tueur parmi ces originaux. Et que l’Islande ne soit qu’une fausse piste destinée à faire perdre du temps à notre commissaire. Si la plupart d’entre nous s’amuserons simplement de renouer avec de vieux souvenirs issus des manuels scolaires, d’autres se poseront peut-être la question du rapport entre l’île sauvage et la Révolution française. Après recherches, il est apparemment démontré que l’éruption volcanique du volcan islandais Laki, en 1783, aurait été responsable des phénomènes météorologiques extrêmes qui ont poussé les paysans au désespoir, et précipité l’insurrection. Des Temps glaciaires, donc...