Sur le fil de la violence

Malcolm Macarthur, issu d’un milieu très favorisé, avait les moyens de consacrer son temps à se cultiver et à profiter d’une vie mondaine propre aux personnes de son rang. Un jour, il comprend qu’il n’a plus les moyens de vivre à son gré. Dans la perspective de braquer une banque, il tente de voler la voiture d’une jeune infirmière puis d’acheter une arme à un agriculteur. Son plan tourne mal : il les tue tous les deux. Ce dandy d’ascendance aristocratique, personnage atypique pour un tueur, avait défrayé la chronique irlandaise et plongé le pays dans un scandale politique incongru. En effet, au moment de son arrestation, il s’était réfugié chez le procureur général de la République d’Irlande qui était l’un de ses amis ! Pour cette raison, le gouvernement avait failli être renversé, ce qui fit de lui le tueur le plus célèbre du pays. Une affaire restée dans les mémoires sous l’acronyme « GUBU » pour « grotesque, unbelievable, bizarre and unprecedented » (ndlr : grotesque, incroyable, bizarre et sans précédent »). Comme beaucoup d’Irlandais, Mark O'Connell s'est retrouvé fasciné par Malcolm Macarthur. Sur le fil de la violence est né de cette fascination et a donné suite à une série d’entretiens avec le tueur, avec une idée précise : percer le secret du passage à l’acte. Une enquête en deux parties : l’histoire de Malcolm Macarthur puis l’histoire de la démarche d’écrire sur ce tueur qui obsède l’auteur depuis longtemps. Le sujet de ce texte, finalement, ce qui le rend palpitant, devient l’impossibilité d’entendre de la bouche du meurtrier les véritables raisons pour lesquelles il a tué de sang-froid. L’écriture tente de démêler la vérité de l’affabulation, de soulever des questions pertinentes trop peu souvent posées et de brosser un portrait finement politique de l’Irlande des années 1980. Et c’est passionnant !