Bande dessinée

Stéphane Levallois

Racket

photo libraire

Chronique de Enrica Foures

Librairie Lafolye & La Sadel (Vannes)

Certains sujets sont si délicats à aborder que, pour ne pas tomber dans le voyeurisme ou le pensum sociologique, et en saisir toute la profondeur, il faut les effleurer comme une caresse, le frôlement d’une aile d’oiseau. C’est cette prouesse qu’arrive à réaliser Stéphane Levallois avec Racket. Une petite fille se fait agresser dans la rue par un homme qui lui extorque son téléphone portable. Son père lui en achète un autre et, de nouveau, la même personne tente de lui arracher. Mais cette fois elle refuse, tente de résister. Et la lame, comme un éclair, la transperce. Une lutte pour la vie commence, rythmée par les cauchemars, les combats intérieurs de la petite fille et les lectures de son père. Les livres, les mots sont là, salvateurs, tirant l’enfant vers la lumière. Ils l’entourent, la réconfortent, tout comme son doudou, super-héros fragile et protecteur. Tout en finesse, dans un sobre noir et blanc aquarellé ou crayonné, l’auteur tisse un récit poignant et émouvant sans pathos, sans surenchère. Et sans un mot.

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