Jeunesse Dès 9 ans
Audrey Faulot
Moonwalk

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Audrey Faulot
Moonwalk
Gallimard Jeunesse
21/08/2025
240 pages, 13 €
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Chronique de
Léonie Desbois
Librairie Le Bel Aujourd'hui (Tréguier) -
❤ Lu et conseillé par
6 libraire(s)
- Laurence Behocaray de I.U.T. Carrières sociales, Université (Tours)
- Bénédicte Cabane de des Danaïdes (Aix-les-Bains)
- Léonie Desbois de Le Bel Aujourd'hui (Tréguier)
- Gwendoline Delaporte-Danel de Le Méandre (Meudon)
- Benoît Lacoste de Aux feuilles volantes (Saint-Paul-lès-Dax)
- Justine Deumier de Bibliothèque Elsa Triolet (Bobigny)

✒ Léonie Desbois
(Librairie Le Bel Aujourd'hui, Tréguier)
Marin ne pensait pas qu’une dispute avec sa mère provoquerait l’invraisemblable. Le lendemain, malgré son apparence inchangée, Carmel, sa mère, est convaincue d'avoir 17 ans. Et la situation semble s’aggraver : chaque jour qui passe, elle rajeunit d'une année. Une course contre le temps est lancée !
Comment vous est venue l’idée de ce roman ?
Audrey Faulot Je crois qu'elle m'est beaucoup venue de mon expérience de la maternité. J'ai commencé à écrire des livres pour la jeunesse et les publier juste après avoir eu ma fille. Entre-temps, j'ai eu un autre petit garçon et j'ai trouvé ça à la fois merveilleux et extrêmement difficile d'être mère, à cause de la pression que l’on se met : vouloir que tout soit parfait, rien n'est jamais assez bien... C'est ça qui m'a donné envie d'écrire sur la maternité ainsi que les souvenirs que j'avais de cette période de la préadolescence où l'on commence à avoir un peu honte de nos parents. On comprend qu'il faut trouver un nouveau lien avec eux. On voit leurs failles, on n'est plus leur bébé chéri. C'est aussi ça qui m'a inspirée. C'est un roman générationnel : il y a la mère, le fils et la grand-mère. J'avais envie d'écrire sur le fossé générationnel mais aussi les moyens de le combler.
Un lien étrange unit Romy et Marin.
A. F. J'aime bien dire que Romy, c'est la meilleure ennemie de Marin. Ils ont été amis, très proches mais suite à une dispute, Romy est devenue la tortionnaire de Marin. Elle est un peu brut de décoffrage. C'est un personnage que j'ai beaucoup aimé écrire. Dans les premières versions de Moonwalk, c'était vraiment un personnage très secondaire. Et quand elle est arrivée dans le livre, je me suis dit, ah non, celle-là, elle a pris sa place, il faut que je la garde. Parce que Moonwalk parle des liens familiaux un peu abîmés, qu'on veut réparer et c'était important pour moi de poser la question des liens amicaux qui, de la même façon, peuvent être abîmés et, de la même façon, peuvent être réparées.
Bien que votre livre ait des allures de roman réaliste, il y a de drôles de petits personnages un peu étranges : des « golmes ». Qu'est-ce qu'un golme ?
A. F. Un golme, c'est une créature que vous pouvez fabriquer si vous avez le mode d'emploi que je ne vais pas vous donner. La famille de Marin vient d'un peuple qui sait fabriquer les golmes. Il y a cet événement merveilleux qui intervient dans le roman, des machines un peu bizarres, à sortilèges. Parce que j'aime la collusion entre le quotidien et le merveilleux, quand il se passe des choses un peu décalées, bizarres, enveloppées de mystère. J'aime penser que c'est vraiment un roman à la frontière entre réalisme et merveilleux.
A-t-il été difficile de passer le cap du deuxième roman ?
A. F. On sait qu'on est attendu au tournant. Avant la sortie de La Clé des champs, j'avais commencé à écrire le deuxième roman pour ne pas être influencée par l’accueil qui serait réservé au premier. Je voulais en tout cas conserver ce côté décalé, drôle et sérieux en même temps, qui pose des questions importantes mais je le voulais très différent aussi.
Effectivement, on est face à un roman plein d'humour aux sujets importants, comme l'âge de Carmel quand elle a eu Marin par exemple.
A. F. Oui, elle l’a eu très tôt. On devine que son adolescence a été assez mouvementée. Je voulais vraiment faire un roman drôle, avec beaucoup d'aventures parce que ce sont des moteurs de lecture pour les jeunes lecteurs. Et puis parce que ça tire le roman du côté de la vie. Par ailleurs, le roman pose aussi des questions vertigineuses. Comment étaient mes parents quand ils étaient jeunes ? Est-ce que j'aurais été ami avec eux ? Et des questions sur la santé mentale aussi, sur la transmission de la mémoire familiale. J'ai découvert en écrivant pour les enfants que j'avais moi-même besoin de rire en écrivant.
Pas évident pour Marin, notre jeune héros, de tenter de contrôler son adolescente de mère qui n'a pas les codes de notre société actuelle, tout en faisant son maximum pour lui venir en aide. Avec ce deuxième roman, Audrey Faulot nous propose un texte où l'humour est au service de sujets plus importants qu'il n'y paraît. Entre l'idée de la mère adolescente, la honte provoquée par sa famille, les difficultés de l'amitié, l'envie d’émancipation et d'indépendance, le roman raconte la préadolescence avec justesse, en offrant un regard empathique sur les parents et leur vécu. L'ensemble servi par une bonne dose de rire qui rend notre lecture délicieuse et difficile à interrompre.