Littérature étrangère

William Kotzwinkle

L’Ours est un écrivain comme les autres

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Chronique de Antoine Tracol

Librairie Au détour des mots (Tournon-sur-Rhône)

Nous connaissons William Kotzwinkle pour son œuvre souvent drôle et loufoque. Il a déjà sévi aux éditions Cambourakis avec Fan Man. L’Ours est un écrivain comme les autres est une nouvelle occasion de partir à la rencontre de ce singulier univers.

Le roman s’articule autour d’un ours qui se fait appeler Dan Flakes et est devenu une star après avoir dérobé le manuscrit d’un homme persuadé de composer un best-seller. La nouvelle vedette va alors apprendre à devenir un vrai petit homme pour ne pas finir au zoo. Il fera ses courses au supermarché, mettra une chemise, une cravate et un pantalon à la braguette capricieuse, apprendra même à parler ce langage qui lui est si lointain et à s’accoupler avec des femmes qui se rasent les jambes. Le rêve de Dan Flakes se réalise : il vit comme un humain dans un monde où la nourriture est accessible en tendant la patte et où grogner peut être récompensé. Tout lui semble simple, à New York, avec à ses côtés son agent qui lui dicte ses pensées et le promène de plateaux télévisés en soirées branchées. En parallèle, Arthur Bramhall, le malheureux auteur délesté de son manuscrit, se transforme doucement en bête sauvage lorsqu’il découvre que son roman est en tête des ventes. William Kotzwinkle nous offre un roman plein de surprises, de bizarreries et de réflexions satiriques sur la société contemporaine, royaume de la consommation et du spectacle. À travers le regard d’un ours, l’auteur fait passer des sortes de messages subliminaux, invitant à la réflexion tout en faisant travailler les zygomatiques de ses lecteurs. Le monde de l’édition en prend pour son grade, notamment avec cet agent littéraire sous Prozac qui s’incline devant Mickey Mouse. Les éditions Cambourakis, quant à elles, proposent une fois encore un petit bijou. L’Ours est un écrivain comme les autres s’inscrit dans la lignée des fables animalières et mérite amplement le succès que l’auteur a offert à son personnage.