Jeunesse

David Almond

La Chanson d’Orphée

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Chronique de Gwendal Oulés

Librairie Récréalivres (Le Mans)

Depuis le début de cette année, les éditions Gallimard Jeunesse font paraître les traductions de deux romanciers importants de la littérature ado. Deux « relectures ».

Avec La Chanson d’Orphée, après Libération de Patrick Ness, David Almond (à qui l’on doit notamment le très beau Le Sauvage, Gallimard Jeunesse, 2010) revisite le mythe d’Orphée et Eurydice. Le lecteur a beau connaître à la fois l’enjeu et l’issue tragique de ce qui lui est raconté, l’auteur lui offre un regard neuf grâce à des choix de transposition astucieux. L’histoire est racontée du point de vue de Claire, la meilleure amie d’Ella (Eurydice) sous les ciels gris d’une Angleterre côtière contemporaine. On s’interroge d’abord. Où sommes-nous ? Quand sommes-nous ? L’ambiguïté est de mise. David Almond impose avec justesse une forme d’intemporalité propre au mythe pour dépeindre une jeunesse désœuvrée, asphyxiée par la médiocrité de l’avenir qui lui est promis. La musique devient pour elle le langage d’une communion élective, une issue. Cette vision pleine d’empathie et de désillusion réjouira les amoureux de romantisme sombre. Car c’est encore plus beau quand tout est joué d’avance. No future.

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