Littérature étrangère

Javier Cercas

Le Mobile

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Chronique de Jérémie Banel

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Deux titres de Javier Cercas paraissent : son premier roman, écrit il y a plus de vingt ans, et une série de conférences données à Oxford en 2015. L’occasion de s’intéresser plus avant à l’univers de cet auteur majeur.

Un court roman, Le Mobile, contient déjà presque tout ce que l’auteur espagnol déploiera dans la suite de son œuvre. On y relève l’émergence de son style et les thèmes qui formeront l’essentiel de la matière de ses textes futurs. On s’y plonge avec délectation, le savourant comme un plaisir léger et familier. Javier Cercas manipule ses personnages pour mieux manipuler le lecteur (ou l’inverse), et interroge les rapports entre fiction et réalité à travers son héros, qui espionne ses voisins pour trouver l’inspiration. Ces questionnements, ces préoccupations qui sont au cœur de la création littéraire, constituent la chair du Point aveugle, où le romancier se transforme en critique littéraire. L’ouvrage se présente comme une compilation de conférences, dont le contenu ici rassemblé offre un essai brillant sur la littérature. On y retrouve Cervantès et son Don Quichotte, mais aussi Beckett et Melville, ainsi qu’un regard à la fois critique et franc sur ses propres œuvres, pour aboutir au cœur de sa démarche de romancier : la littérature n’est pas là pour fournir des réponses à des questions, mais au contraire pour confronter le lecteur au monde, au réel, à la société, et complexifier son regard. Un chemin ardu et exigeant. Mais tellement intéressant. Celui de la littérature.

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