Littérature étrangère

Sara Lövestam

En route vers toi

illustration

Chronique de Marie-Laure Turoche

()

À l’aide d’objets qui ont traversé le temps, Hanna remonte jusqu’à Signe, jeune suffragette qui a vécu un siècle avant elle. Ces deux destins de femmes se font écho au sein d’une fresque qui raconte la Suède d’aujourd’hui et d’antan.

Hanna est une jeune femme suédoise plutôt cynique, plutôt blasée et plutôt mal dans sa peau. Son couple bat de l’aile et son travail n’est pas franchement enthousiasmant. Un jour, des circonstances assez particulières mettent entre ses mains divers objets : des lunettes, une paire de bottines, une broche et une règle d’école. Ces nouvelles acquisitions donnent à Hanna un véritable coup de fouet. À qui appartenaient-elles ? Comment une paire de bottines d’un autre siècle peut-elle la bouleverser à ce point ? Elle décide de mener l’enquête, et, avec l’aide d’Erik, un commissaire-priseur, elle remonte jusqu’à Signe, la première détentrice de ces accessoires. Signe a vécu au début du xxe siècle dans un petit village où elle était institutrice. Elle ne souhaite pas se marier, elle aime son indépendance et est révoltée par les avantages accordés aux maîtres d’école au détriment des institutrices. Son combat s’intensifie lors de sa rencontre avec la troublante Anna, qui l’entraîne dans son engagement pour le droit de vote des femmes. Hanna se prend de passion pour Signe. Son courage et sa détermination vont véritablement l’influencer. Féministe, féminin, caustique et très réjouissant, ce roman a le charme de ses héroïnes, qu’elles soient combatives, victimes ou manipulatrices, si différentes et en même temps si semblables. Le livre de Sara Lövestam raconte avant tout une impossible histoire d’amour : « Je ne t’abandonne pas, je suis constamment en route vers toi ». Et les hommes dans tout cela ? Rassurez-vous, ils ont leur place, même s’ils semblent un peu perdus au milieu de toutes ces femmes. Mais ils n’en sont que plus attendrissants – à part quelques méchants politiciens…

Les autres chroniques du libraire