Littérature étrangère

Douglas Coupland

La Pire. Personne. Au monde.

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photo libraire

Chronique de Hugo Latreille

Librairie Nouvelle (Asnières-sur-Seine)

Douglas Coupland, auteur de Génération X (malheureusement épuisé), déride la rentrée littéraire avec un roman absurde et fielleux, qui fera rire aux éclats ceux qui ne craignent pas les éclaboussures de trash.

La Pire. Personne. Au monde., c’est d’abord une épopée-cartoon, celle d’un cameraman sur le retour s’embarquant pour le tournage d’une téléréalité sur une île paradisiaque au large du Pacifique. Le voyage sera évidemment mouvementé jusqu’à l’absurde, entre chocs anaphylactiques, séquestration sur le huitième continent ou alertes nucléaires inopinées… Mais au-delà de ce bon moment loufoque et rythmé, certes un tantinet convenu, le sel du roman, c’est avant tout Gunt. Raymond Gunt. Tous aux abris ! Misérable, méprisable, ce raté de compétition se coltine une belle panoplie de tares. Doté d’un sens aigu de l’immoralité, il fait fuir les femmes, n’a aucun ami, se complet dans une suffisance abjecte… et pense avoir enfin touché le gros lot en partant pour les îles accompagné d’un assistant personnel littéralement ramassé dans le caniveau. Débute alors un déchaînement sans limites de salves odieuses et autres saillies misanthropes. C’est là tout le talent de Coupland : une maîtrise hilarante de la grossièreté. De bout en bout, il nous offre un portrait vitriolé de l’ère médiatique, débarrassé de toute métaphore moralisante, et son loser certainement pas magnifique nous en ferait presque de la peine… S’il ne s’agissait de « La Pire. Personne. Au monde. »