Jeux de lumière

Moins connu que son compatriote autrichien Fritz Lang, Georg Wilhelm Pabst fut néanmoins un réalisateur de premier ordre. À la prise de pouvoir d’Hitler, celui qu’on surnommait le « Pape rouge » en raison de ses idées gauchistes, émigre aux États-Unis où il compte sur sa notoriété pour continuer à tourner. Ses espoirs sont déçus, ses aspirations incompatibles avec les blockbusters hollywoodiens. Frustré, il retourne en Autriche annexée depuis peu par l’Allemagne. Empêché de quitter le Reich, il est alors approché par Goebbels qui souhaite mettre son talent au service de la Grande Allemagne. D’abord réticent, il comprend que, s’il veut continuer à exercer, il lui faudra laisser de côté sa conscience. Mêlant fiction et vérité historique, Daniel Kehlmann signe un roman captivant sur l’art, le pouvoir, la morale. Par une habile construction et l’alternance des points de vue, il raconte le lent glissement d’un homme vers la compromission au profit de son art et au détriment des siens.