1961. De l’immensité immaculée de l’Antarctique émerge une base scientifique soviétique qui n’a plus de scientifique que le nom et ses cinq occupants dont les missions principales consistent surtout à alimenter le poêle, déneiger la statue monumentale de Lénine érigée en l’honneur de la grandeur russe et ouvrir des bouteilles de vodka. Vodka justement responsable du décès d’un des protagonistes, assassiné par l’un de ses congénères sous prétexte d’une tricherie aux échecs. Dès lors, il est facile de caser le cadavre dans un coin, mais que faire du coupable dans ce désert blanc ravitaillé par les corbeaux où le système de transmission ne fonctionne plus ? Un rapport est rédigé, la tension monte, les rancœurs sont exacerbées par la solitude et l’abandon. Un huis clos à ciel ouvert magistral et haletant jusqu’à la dernière page, où l’absurde le dispute à la perfidie, où la noirceur humaine n’a d’égale que la blancheur aveuglante de ce continent oublié.