Littérature française

Louis-Philippe Dalembert

Une histoire romaine

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photo libraire

Chronique de Christèle Hamelin

Librairie Le Carnet à spirales (Charlieu)

Dans une langue généreuse et savoureuse, élégante, débordante de sourires, Louis-Philippe Dalembert signe un roman haut en couleur et porté par des figures féminines fortes, au cœur de la ville éternelle.

Loin les quartiers afro-américains de Milwaukee Blues. Loin aussi les migrants malmenés par la mer dans Mur Méditerranée. Et pourtant... Rome, deuxième moitié du XXe siècle. Nous voilà entraînés dans le dédale de rues et de quartiers aux noms chantants et délicieusement évocateurs de la cité aux sept collines que l’auteur connaît bien pour y avoir vécu. Quelle ville plus sublime que Rome pour dérouler la destinée de deux familles bien différentes, séparées géographiquement par le Tibre et culturellement par leur éducation ? D’un côté, le clan aristocrate sur le déclin, catholique tendance pratiquant, régenté par la Contessa, veuve mondaine qui cherche à caser sa dernière, Elena. De l’autre, veille la généreuse Zia Rachele sur la joyeuse tribu Guerrieri, famille juive mais volontiers athée, n’ayant pas été épargnée par les tourments de la guerre. Au milieu, la descendance avec notamment Laura Sabatelli Guerrieri de Pretis. Un patronyme terriblement romanesque mais lourd à porter pour cette adolescente en rébellion dans la Rome des années 1970. Difficile en effet de se forger une identité quand on porte un nom à rallonge, d’autant que la concurrence est rude dans cette famille nombreuse sous la tutelle d’une grand-mère pincée et sèche et d’une grand-tante extravagante, boulimique, énorme, hors normes. Son identité est pourtant là, fertilisée par les histoires du passé que lui content la Zia et la Contessa, dans tous ces chemins pris, ces destinées qui mènent à Rome, qui font qu’elle est Laura et pas une autre. Louis-Philippe Dalembert est un conteur hors pair, un charmeur de lecteurs. Il a ce don de nous plonger au cœur des villes et des vies, de dresser de saisissant portraits d’hommes et de femmes rudoyés par l’existence. Milwaukee Blues et Mur Méditerranée ne sont finalement peut-être pas si loin.