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Bande dessinée

Erell Hannah

Derrière

✒ Christelle Chandanson

(Librairie Elkar, Bayonne)

Mal-aimées, critiquées, glorifiées, les fesses influencent plus que jamais nos codes de beauté, la sexualité et notre identité, tout en interrogeant les normes sociales actuelles. Un exceptionnel essai graphique décortique ces représentations culturelles et historiques, avec humour et intelligence !

Complexées par vos fessiers ? Commençons par le plus émancipateur : la cellulite est une belle invention masculine qui pathologise les fesses des femmes. C’est l’un des étonnants éléments que divulgue l’enquête Derrière d’Erell Hannah et Fred Cham. L’excellent duo, qui poste régulièrement sur Instagram sous le pseudo d’Ils abusent grave, avait déjà commis un essai illustré (du même nom) sur le sexisme. Ils poursuivent ici la déconstruction des préjugés d’une manière percutante et intelligente en se focalisant sur notre derrière. Plus précisément sur celui des femmes. Car ce sont elles aujourd’hui qui subissent la plus grosse pression sociétale à ce niveau. L’attrait pour les fesses est-il un réflexe archaïque ? Comment les normes esthétiques ont-elles évoluées ? Pourquoi les hommes n’ont-ils pas de cellulite ? Par cette enquête, l’autrice, psychologue et sociologue, va interroger des experts (biologistes, historiens et philosophes). À l’échelle humaine, l’obsession des fessiers date de peu. Nos normes esthétiques sont très mouvantes et finalement très liées aux progrès techniques. Sans miroir, déjà, impossible de se faire une idée de l’arrière de son corps : aviez-vous réfléchi à cela ?! Aussi entre l’évolution des miroirs, de la photographie et l’apparition des magazines féminins puis des réseaux sociaux, l’image de soi est largement influencée par les jugements de valeurs sur le corps, d’abord sous l’injonction des hommes puis par l’intériorisation des contraintes par les femmes. Un contrôle social qui modifie les relations de pouvoir entre les sexes. Cette réflexion se poursuit dans le regard que pose l’Occident sur les corps racisés. De la Venus Hottentote à Beyoncé et Nicki Minaj, l’empowerment pour la beauté noire est complexe : entre mythes et patriarcats (blanc et noir), la pop culture et les études sur l’intersectionnalité participent à une évolution (encore trop lente) du regard sur l’esthétique du corps noir. Heureusement, le combat continue dans plein de domaines et questionne évidemment notre entendement de la normalité et du pathologique. Les informations, toujours sourcées, sont soutenues par le dessin drôle et décalé de Fred Cham : une nécessité pour prendre du recul sur le contenu dense qui remet en question beaucoup d’idées reçues. Bref, vous aurez entre les mains un document instructif, divertissant et largement émancipateur !

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