Essais

Frédérique Toudoire-Surlapierre

Téléphonez-moi

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Chronique de Christelle Chandanson

Librairie Elkar (Bayonne)

Dans cet essai littéraire, Frédérique Toudoire-Surlapierre analyse la place du téléphone dans les arts et la culture. Plongez-vous dans cet ouvrage à la fois savant et original et laissez votre mobile sonner.

Oui, le téléphone est dans tous ses états. Après tant d’excès, l’utilisateur du téléphone sait qu’il est menacé d’addiction et au moment où l’on cherche à se déconnecter, il est bon d’utiliser cet essai comme une réflexion sur un objet si utilisé, qu’il paraît être là depuis toujours. En effet, objet du quotidien, il apparaît clairement que le téléphone s’est immiscé partout. Reprenant le mythe de Narcisse et d’Écho, l’auteure voit le téléphone comme un vecteur d’échanges entre individus, le moyen d’un dialogue réel et oral… sans se voir. Il est au cœur d’une relation à l’autre qui casse en nous le Narcisse. Elle y présente le téléphone comme un objet domestique, mais également littéraire. Car souvent, les œuvres contemporaines l’utilisent pour la dramatisation, comme un « révélateur ontologique puissant », et l’auteure de prendre pour exemple des œuvres de Proust, Hitchcock, Barthes, ou encore Gailly. Le téléphone s’y dévoile comme un outil bien plus complexe que le simple objet du quotidien auquel on a tendance à le réduire. Et pour cause, il offre un don d’ubiquité que l’on connaissait dans la littérature, mais resté jusqu’à son invention inédit dans la vie réelle. Or, depuis la naissance du téléphone, les arts s’en sont servi comme un objet narratif qui accompagne la construction de certaines œuvres littéraires, artistiques ou cinématographiques. Mais le téléphone s’applique également à accompagner les réflexions qui ont été menées par Ricœur, ou Freud, sur la relation à l’autre. Car, toujours autour du mythe de Narcisse et Écho, le téléphone est comme un lien à l’autre qui rompt la relation narcissique que nous entretenons avec nous-même. Il est Écho. Vous l’aurez compris, Frédérique Toudoire-Surlapierre signe un texte très érudit, porteur de sens. Alors débranchez votre appareil, installez-vous confortablement, et appréciez un moment de réflexion stimulante pour résister à la pensée unique.

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