Essais

David Foster Wallace , Mark Costello

Rappeurs de sens

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photo libraire

Chronique de Romain Cabane

Librairie des Danaïdes (Aix-les-Bains)

Le rap naît dans les années 1980. David Foster Wallace et Mark Costello, deux intellectuels blancs de Boston, s’interrogent sur l’émergence de ce mouvement culturel et sur l’intérêt qu’il suscite en eux.

Au travers de cet ouvrage, nous assistons au débat qui accompagne toute nouveauté. Le hip-hop grandit et se trouve sous le feu des critiques les plus diverses. C’est du vol, dit-on, ce n’est pas de la musique, ça incite à la violence… Critiques encore vivaces de nos jours. Ce qui est intéressant ici, c’est la façon dont s’y prennent les deux auteurs. Inspirés par les textes de Lester Bangs (publiés chez Tristram), ils auscultent son histoire, ses racines, sa composition, ses personnages, la communication faite autour du mouvement, etc. En 1990 apparaissent De La Soul, Public Enemy, LL Cool J, NWA… Ce sont les débuts. En France, MC Solaar n’a pas sorti son premier disque. Et nos deux amis de se demander, au sortir d’une soirée rap : « Alors, est-ce que cette soirée était complètement nulle ? Ou alors, d’une certaine façon, était-ce délirant, génial, sans limite ? » Excellente manière de résumer le problème rencontré par tout précurseur. Et dans ce domaine, la musique noire n’a plus grand-chose à prouver. À l’origine, il y a le jazz, le blues, puis viendront la soul, le funk, le disco et le hip-hop. L’importance de l’autoréférence, écrit par exemple DFW, est constitutive – et peut-être sa source esthétique première – du hip-hop. La culture populaire accouche des sitcoms chez les blancs et de la culture rap chez les noirs ? Qu’évoquent pour nous Malcolm X et Louis Farrakhan ? Le rap pousse-t-il à la violence ou en est-il le reflet ? Peut-on parler de poésie postmoderne ? Autant de questions soulevées et nourries par cet essai objectif.