Littérature étrangère

Alia Trabucco Zerán

Propre

✒ Benoît Lacoste

(Librairie Aux feuilles volantes, Saint-Paul-lès-Dax)

Estela Garcia ‒ Lita comme l'appelle sa mère ‒, 40 ans, est employée à domicile et surtout instruite. Comme toute histoire, la sienne a un début et une fin. Plus exactement, elle a plusieurs débuts mais qu'une fin, toujours la même : « la fillette meurt ». Dans un monologue angoissant et captivant, Estela nous raconte sa routine quotidienne : s'occuper de la maison, de la fille, des courses, obéir… Les premières pages font immédiatement penser à Chanson douce de Leila Slimani. En avançant dans le récit, on imagine un scénario à la Usual Suspects de Bryan Singer. C'est très intelligemment construit, haletant, addictif à souhait. Comment rester insensible à ces rapports de domination par l'argent, à ce besoin maladif d’humilier la « bonne », à cet irrespect pour autrui ? La voix d'Estela est tragique et forte. Plus on approche de l'issue, plus les événements s’enchaînent et plus le lecteur est dérouté. Ce n'est qu'en lisant le dernier mot qu'il aura (ou pas) l'explication.

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