Tant mieux

Après s’être penchée sur son père puis sur elle-même, Amélie Nothomb poursuit son cycle familial en portant la focale sur sa mère. Roman hybride, Tant mieux est à la fois fable d’enfance, hommage voilé et exercice d’admiration. La petite Adrienne, 4 ans, est confiée à sa grand-mère maternelle, figure cruelle et despotique, digne d’une ogresse sortie des contes les plus noirs. Forcée à avaler des harengs au vinaigre jusqu’au dégoût, humiliée dans son quotidien, elle traverse l’enfance comme un champ de bataille. Face à ces épreuves, elle se répète en secret une formule : « tant mieux ». Deux mots fragiles mais salvateurs qui deviennent son rempart contre la cruauté du monde. Sous le masque d’Adrienne, c’est le portrait de sa mère qu’Amélie Nothomb dessine, dans une langue vive, simple et sardonique. Puis elle nous surprend, dans la dernière partie, en prenant la parole à la première personne. Cette bifurcation donne au livre une densité singulière, entre légende familiale et confidence d’autrice.