Samuel passe une dernière nuit seul dans son appartement, avant le retour de la maternité de sa femme et de son enfant. Une nuit de réflexion sur le devoir de transmission et le pouvoir de la fiction.

« Quand demain reviendra la lumière », Samuel, le narrateur, sera à une période charnière de sa vie. À la fin de cette nuit, son premier-né rentrera à la maison pour la première fois et ce père, qui doute encore d'être prêt pour ce rôle, plonge dans ses souvenirs autour de la figure de Rosa. Sa mystérieuse grand-tante donnera son dernier spectacle dans son cabaret texan où, depuis les années 1950, elle narrait tous les soirs l'histoire de la Shoah. Ultime survivante d'Auschwitz, elle avait fui le Vieux Continent, théâtre de tant de malheurs, pour se réfugier aux États-Unis et raconter, pour ne pas oublier. Son calvaire au camp sera toutefois toujours passé sous silence, trop douloureux pour être évoqué. La question de la transmission de l'Histoire traverse tout le roman, surtout pour Samuel à qui le silence a été imposé par ses grands-parents et parents. À la fois jeune père et bientôt orphelin des rescapés, il compte se libérer et parler de l'Histoire à son fils. Mais comment transmettre quand les témoins ont tous disparu, que leur parole n'est plus que rapportée, que leurs visages ne pourront plus être vus ? Par un jeu de construction irréprochable, Joachim Schnerf alterne présent et passé et insiste particulièrement sur les étés de son enfance et les jeux inventés avec ses cousins. Les jeunes vacanciers des Vosges devenaient cow-boys, héros du désert à la recherche du fameux Shtetl City de Rosa, par le pouvoir infini de leur imagination. Dans ce conte moderne, raconté avec émotion et pudeur, ce sont bien les histoires et la fiction qui seront salvatrices, qui serviront de fil entre générations et pourront évoquer ce qui a longtemps été tu. Si l'obscurité règne pendant cette longue nuit, la lumière et la joie sont bien au bout du chemin.