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Henri Lœvenbruck

Prix Poche Page des libraires/Lecteurs O n l a l u

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L'entretien par Nathalie Coupé

Librairie La Petite Marchande d’histoires (Uzerche)

Nous connaissons Henri Lœvenbruck pour ses romans noirs, thrillers ou de fantasy. Il nous surprend aujourd’hui avec un roman initiatique, un étonnant road trip parfaitement orchestré, qui nous fait voyager avec des personnages attachants d’adolescents en mal d’aventures. Henri Lœvenbruck est membre fondateur de la Ligue de l’Imaginaire et Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres.

 Prix Poche - PAGE des libraires / Lecteurs ON LA LU 2017

Hugo, dit Bohem, vit dans une vieille roulotte au fond du jardin de ses parents. Âgé de 16 ans, il a déjà un passé mouvementé. Après plusieurs exclusions d’établissements scolaires, il entre dans un lycée privé où il rencontre Freddy, Alex et Oscar. La bande de Freddy adopte vite le petit nouveau. Ensemble, ils font les 400 coups. Les quatre amis deviennent inséparables et se découvrent une passion commune, la moto. Pour échapper à leurs vies modestes dans la petite ville de Providence, ils décident de partir pour un road trip en moto. Ils avaient 20 ans et rêvaient juste de liberté. Hugo nous raconte avec ses mots son histoire, sa vérité et sa terrible envie de vivre, quitte à la payer très cher. Entre roman noir et récit d’aventure, Henri Lœvenbruck livre un magnifique roman initiatique, mêlant évasion, amour, amitié, mais aussi trahison. Un portrait décapant de quatre jeunes en mal d’aventures, qui ne laisse pas indifférent et que l’on ne lâche pas avant la fin.

 

PAGE — Vos romans sont habituellement des thrillers ou de la fantasy. Nous rêvions juste de liberté est un roman noir d’aventures. Qu’est-ce qui a motivé ce changement de genre et cette prise de risques ?
Henri Lœvenbruck — L’urgence. Le besoin de livrer enfin ce texte que j’avais sur le cœur depuis bien longtemps. Cela faisait des années que je voulais écrire ce roman plus personnel, mais j’avais besoin d’être mûr, d’être prêt, d’être un peu plus sûr de ma plume, autant qu’on puisse l’être. Arrivé au seizième roman, je me suis dit qu’il était peut-être enfin temps, et que mes lecteurs me pardonneraient ce petit écart impudique… Changer de genre, en revanche, ne m’a jamais fait peur : je suis passé de la SF au roman historique en passant par le thriller et le roman noir... La seule chose qui me ferait peur, au contraire, serait de m’enfermer dans un genre bien précis et de ne plus jamais pouvoir en sortir… J’aime toutes les littératures, qu’elles soient de genre ou non, qu’elles soient populaires ou non, tant qu’elles viennent du cœur et des tripes.

P. — Les personnages de votre roman vont fuir leur ville natale en deux roues. Passionné vous-même de moto, est-ce que votre histoire personnelle a influencé l’écriture de ce road trip ?
H. L. — Oui, profondément, et bien plus que je ne pourrais l’avouer à ma mère ou à un juge… Mais en l’inscrivant volontairement dans un temps indéfini et un espace quasi imaginaire – une sorte d’Amérique fantasmée – j’ai essayé d’en faire non plus mon histoire personnelle mais la nôtre, celle de notre adolescence à tous : qui n’a pas connu la passion dévorante des premières amours, des premières amitiés ? Qui n’a pas partagé ses secrets avec le meilleur ami du monde ? Qui n’a pas connu ces rêves de liberté, ces promesses de gosses, ces envies de fuir et de ne plus appartenir qu’à soi-même, mais aussi ces trahisons, ces déceptions ?

P. — Ce dernier roman connaît un gros succès médiatique, traduit dans une douzaine de langues. On murmure un projet d’adaptation au cinéma. Où en est ce projet ?
H. L. — La superstition (et les souvenirs passés de projets soudain abandonnés) m’interdit de donner des noms, mais disons que ce livre a eu la chance inouïe de rassembler l’enthousiasme de trois artisans exceptionnels du cinéma. Un grand producteur, un grand scénariste et un putain de réalisateur dont j’affectionne le travail depuis plus de vingt ans. Quand j’ai terminé ce roman – en dehors de mon éditrice – la première personne à qui je l’ai envoyé, c’était lui, avec le rêve fou qu’il ait envie de le mettre en images. À présent, le bébé est dans leurs mains, et j’espère l’y voir grandir ! Mais la route va être longue, comme le sont les plus belles routes.

P. — Sur votre biographie, nous trouvons de nombreux métiers : écrivain, parolier, scénariste, musicien. Comment conjuguez-vous aujourd’hui ces différentes passions ?
H. L. — Ces passions n’en font finalement qu’une : écrire et se produire. Je passe le plus clair de mon temps dans mon bureau à écrire romans, articles, scénarios, chansons… Et je consacre mes temps libres à la musique et à la route, sur laquelle je trouve souvent l’inspiration. Je dors peu et ce depuis que je suis très jeune ! Chaque seconde arrachée à la vie est un trésor, l’oisiveté ne fait pas partie de mon emploi du temps !