Polar

Elizabeth George

Une si lente agonie

✒ Annaïk Kerneuzet

(Librairie Dialogues, Brest)

Dans ce vingt-deuxième roman d'Elizabeth George, nous retrouvons avec délectation les personnages fétiches de la plus anglaise des autrices américaines. Direction la Cornouailles, à proximité des terres de l'inspecteur Linley, huitième comte d'Asherton.

Se plonger dans une nouvelle enquête d'Elizabeth George, c'est comme s'offrir le calendrier de l'Avent de notre boutique de thés préférée : on en connaît la plupart des saveurs mais il est certain que de bonnes surprises seront au rendez-vous et que l'on appréciera ce moment privilégié ! Si retrouver l'exquis duo formé par l'aristocrate Thomas Linley et l'inclassable sergent Barbara Havers est presque une certitude pour le lecteur, celui-ci devra toutefois attendre que l'intrigue s'épaississe car le lieu du crime n'est pas Londres mais Bodmin, en Cornouailles. Et c'est l'inspectrice principale, Beatrice Hannaford, qui se voit chargée des premières investigations. Michael Lobb, propriétaire d'une mine d'étain convoitée, a été sauvagement assassiné. Mais qui pouvait en vouloir si férocement à cet homme qui menait une existence a priori sans histoires ? Des investisseurs sans scrupules ? Ses employés ? Ou encore l'un de ses proches ? Au fur et à mesure que la vie de la victime est passée au crible, les mobiles, et par conséquent les suspects, ne manquent pas ! Heureusement, New Scotland Yard viendra prêter main-forte aux policiers locaux puisque Thomas Linley est appelé sur son domaine pour urgence familiale. Le comte est, pour l'heure, loin de se douter du lien existant entre la victime et sa vie personnelle. Une si lente agonie est l'occasion pour l'autrice de développer, avec la précision que nous lui connaissons, ses thèmes de prédilection tels que le mensonge, la trahison, tout comme la manipulation et la cupidité. L'autrice explore avec justesse la complexité et l'ambiguïté des relations humaines, jusqu'à leur point de non-retour parfois. Enfin, elle nous livre des portraits nourris, dans leur humanité comme dans leurs failles et blessures profondes, de personnages qui nous habiteront longtemps.

Les autres chroniques du libraire