Groenland

Nous sommes en 2028, 2035 ou 2040. Dans un futur où le Groenland serait indépendant. Le Premier ministre, Frederick Karlsen, a obtenu cette liberté un an auparavant, ovationné par la population inuit. Mais au début de notre histoire, plus personne ne sait quoi penser de ce héros. Ligoté et assis devant plusieurs écrans, ce dernier lance une mise aux enchères pour vendre son pays. Un tableau d’images circule sur les réseaux : quatre acheteurs (les États-Unis, la Russie, la Chine et le Danemark, ancien « propriétaire »), le ministre et deux corps suspendus dans le vide. Et le décompte : cinq heures pour posséder ce territoire riche en ressources naturelles dont la position géostratégique fait rêver les plus grandes nations ; cinq heures avant que la femme et la fille de Karlsen, accrochées à un filin, n’atteignent un trou pratiqué dans la banquise et se noient dans l’eau glacée ; cinq heures, « soit la durée du jour en cette saison à Nuuk ». Les offres se succèdent : 100 millions puis des milliards. Qui sera l’heureux élu ? Loin des écrans, la police cherche le lieu du rapt et celui où les prisonnières sont promises à une fin atroce. Mais comment les retrouver dans cette immense étendue blanche ? L’auteur breton, qui nous promène avec talent dans ce pays glacé depuis les années 2010, joue ici avec nos nerfs. Il propose une dystopie suggérée par son éditeur suite au énième discours de Donald Trump sur son désir d’annexion du Groenland. Un thriller géopolitique où David se bat contre des Goliath, où le désir d’indépendance et de protection de la nature se confronte aux outrances capitalistes. Ce conte met en avant l’engagement des Inuits pour garder (acquérir) leur liberté, surtout après le succès des élections législatives de 2025. Un roman court, prenant, à lire à l’abri du froid de l’hiver à venir.