Menu
S'abonner Nous contacter Se connecter
logo Page des libraire

Littérature française

Gaëlle Nohant

L'Homme sous l'orage

✒ Delphine Bouillo

(Librairie M'Lire, Laval)

Gaëlle Nohant ravive de nouveau les flammes du passé. Cette fois-ci, nous sommes en 1917, lorsque la guerre force Rosalie, 19 ans, à quitter Paris pour le château familial où elle se retrouve avec sa mère. Un soir d'orage, un homme demande l'asile.

En 2015, Gaëlle Nohant publie La Part des flammes, un roman plébiscité par les lecteurs et multi-récompensé, notamment par le prix du livre France Bleu/Page des libraires. Dix ans plus tard, nous la retrouvons dans la formidable maison L'Iconoclaste où elle publie un roman tout à fait remarquable. Contrainte par la guerre de revenir dans le château familial des Pyrénées orientales, Rosalie étouffe dans cette vie étriquée auprès de sa mère Isaure qui a repris le domaine viticole depuis le départ pour le front de son mari et de son fils. Un soir, alors qu’un orage s'abat sur la région, un homme en uniforme sonne à la porte. Isaure ouvre et referme immédiatement : il est hors de question d’accueillir un déserteur. Mais Rosalie a pitié de cet homme recroquevillé sous la véranda et décide de le cacher au grenier. L'homme s'appelle Théodore Brienne. Il est artiste-peintre et a auparavant bien connu la famille de Rosalie. Elle devra faire preuve de ruse pour réussir à cacher son hôte. Ses heures de bénévolat à l'hôpital pour soigner les soldats blessés au front ne parviennent bientôt plus à faire taire le dilemme auquel elle se retrouve confronté. Car, au fil des jours, un sentiment nouveau naît en elle, un sentiment amoureux. Mais comment un soldat traumatisé et une jeune fille bien élevée peuvent-ils s'aimer et rompre avec le rôle qui leur a été assigné ? Chacun à sa manière refuse les injonctions qui pèsent sur eux. Dans ce roman, Gaëlle Nohant s'attache une fois de plus à nous raconter une grande épopée intime, associée à un travail de documentation vertigineux. Elle décrit avec minutie la vie domestique, les vêtements portés, les soins à l’hôpital. En donnant la parole à chacun de ses personnages, elle montre toute l’ambiguïté de leurs sentiments, leurs paradoxes et leurs incompréhensions, dans cette époque de grands bouleversements. La guerre a permis de libérer les femmes, de les rendre plus autonomes. Mais une fois cette guerre terminée, que reste-t-il vraiment de ces libertés ? Dans chacun de ses ouvrages, Gaëlle Nohant nous invite à écouter les voix de combattants ignorés. Elle sonde l'âme humaine avec une rare élégance. Son écriture précise et délicate nous plonge dans des histoires qui interrogent, nous font frémir et nous charment. L'Homme sous l'orage met à l'honneur la force des femmes, les grandes oubliées de ce conflit pour lesquelles rien ne sera plus comme avant. Un grand roman de survie et d'amour.

Les autres chroniques du libraire