Essais

Georges Didi-Huberman

Le Témoin jusqu’au bout

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Chronique de Lyonel Sasso

Librairie Dialogues (Morlaix)

Il y a, d’emblée, ce lien logique. Être témoin - être sensible. C’est vers cette articulation que se forge le texte puissant et fort de Georges Didi-Huberman. Être témoin, c’est entrer dans le territoire d’autrui, c’est donner une main ferme à une réalité partagée. Se basant sur le journal clandestin de Victor Klemperer, philologue juif-allemand persécuté par le régime Nazi, Didi-Huberman relit cet immense corpus avec, en tête, la littérature psychanalytique et freudienne plus particulièrement. C’est en revenant sur cet aspect clivé du texte de Klemperer que Didi Huberman conçoit ce qui fait tenir face au tragique. Le témoin persiste face à la brutalité et la vitesse des faits avec une certaine lenteur. Klemperer, dans ses notes, insiste sur ce qui fait qu’une certaine forme d’endurance se transforme en espérance. Le journal se présente parfois comme un écrit de la détresse. La sidération et l’observation forment comme une valse, une danse qui crée un rythme dans lequel les choses peuvent devenir. Tenir comme le répétait Paul Celan dans ses poèmes. Tenir, jusqu’au bout.

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