La colline qui travaille

De ses grands-parents maternels, il ne reste à l'auteur que peu de traces. Alors il remonte le temps et sa généalogie, malgré l’effacement, parfois, des liens. Cette volonté de combler les manques et les blancs de sa lignée nous fait entrer de plain-pied dans cette généalogie (schématisée en repère dès le début du roman). Les archives familiales – souvenirs, photographies jaunies, vieilles lettres et papiers conservés au fond d’un placard – dépoussiérées et ré-explorées à cette occasion ont permis à l’auteur de composer une bouleversante mosaïque de personnes ordinaires, enfin « fixées » sur le papier. Sont ainsi retracées les destinées de quatre générations, sous trois Républiques, ainsi que l’atmosphère des époques qui se sont succédé ‒ la Grande Guerre, le Front populaire ou la Libération. Mais c’est aussi l’identité de Lyon que l’auteur dévoile, la ville de ses racines familiales. Ainsi apparaît ici ou là une réflexion sur les héros du quotidien, ceux qui ne marquent pas, car loin des feux des projecteurs, mais qui pourtant tissent le réel. Tout comme les récits intimes en littérature qui font œuvre de vérité et de mémoire. En convoquant ses souvenirs personnels, en faisant revivre par les mots quelques êtres aimés, confessant au passage le regret de n’avoir pas toujours su leur témoigner son attachement, cet hommage vibrant et particulièrement universel finit par toucher, page après page, le lecteur en plein cœur. Car cet ouvrage nous parle aussi de nous, de notre Histoire collective, avec sincérité, pudeur et justesse. Ce qui le rend d’autant plus lumineux en ces temps de cynisme et de mensonges pathologiques.