Polar

Yrsa Sigurdardottir

ADN

illustration

Chronique de Audrey Dubreuil

Librairie Ellipses (Toulouse)

Un peu lassé du polar scandinave ? Laissez-vous séduire par cette enquête islandaise aux indices savamment distillés et à l’étonnant dénouement ! Encore un excellent cru que nous offre la collection « Actes noirs »

1987, dans la salle de réunion d’un obscur service d’aide à l’enfance. On y discute du placement d’une fratrie, deux frères et une sœur, dont la mère et le grand-père viennent de mourir de façon violente. Des circonstances de ce drame, nous ne saurons rien… enfin, rien pour le moment. Dans le couloir attenant, les trois enfants attendent que l’on décide de leur sort. Un premier chapitre qui prend aux tripes, entre l’impuissance des uns et la mauvaise volonté des autres, entre le traumatisme des enfants et les relations ambiguës qui semblent être les leurs. Le ton est donné. 2015, de nuit. Alors que son mari est en voyage d’affaires, Elisa est réveillée par sa fille Margrét qui pense avoir entendu quelqu’un dans la maison. La petite fille n’a que le temps de se cacher sous le lit de sa maman avant qu’un homme pénètre dans la chambre et torture cette dernière d’une bien étrange façon. Margrét est le seul témoin de l’agression de sa mère mais elle se mure dans un silence dont Freyja, psychologue pour enfant, va essayer de la faire sortir. Pendant ce temps, face au mutisme de la petite fille, Huldar, l’enquêteur en charge du dossier, se concentre sur un étrange message codé laissé par le tueur. Un roman autour de l’enfance, des secrets de famille, de l’hérédité – de l’ADN, évidemment – qui fonctionne à merveille. Les personnages ont tous des fêlures qu’ils tentent maladroitement de combler et qui les rendent sympathiques. Le couple Freya/Huldar pourrait, à n’en pas douter, concurrencer celui d’Erika et Patrick qui a fait le succès de la série de la romancière suédoise Camilla Läckberg. Ici, les révélations s’enchaînent sans temps mort jusqu’au dénouement.

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