Essais

Francis Huster

Dictionnaire amoureux de Molière

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Chronique de Audrey Dubreuil

Librairie Ellipses (Toulouse)

Qu’ont donc en commun le rugby, le cinéma, la science et la géopolitique ? Ce sont tous des thèmes de l’éclectique et excellente collection, « Dictionnaire amoureux ». Celui consacré à Molière, son dernier-né, est tout aussi passionnant.

Molière est sans nul doute le dramaturge français le plus connu, étudié et apprécié. Il est aussi considéré par les comédiens comme le dieu du théâtre, omniscient et omniprésent, tout à la fois acteur, auteur et metteur en scène. Ce n’est pas moi qui le dis, bien sûr, mais Francis Huster auquel on a demandé d’écrire ce dictionnaire et qui, s’il en rêvait, s’est demandé si tout n’avait pas déjà été dit sur le grand homme. Tout ? Peut-être, mais sans doute pas de cette façon. S’affranchissant de la biographie exhaustive, de l’étude technique, de l’hommage personnel et mélangeant tout cela à la fois, il nous offre un dictionnaire que l’on prend plaisir à picorer, à savourer lentement pour finir par le dévorer. La présentation alphabétique, marque de fabrique de la collection, permet à l’auteur d’alterner dans un joyeux désordre savamment orchestré (n’ayons pas peur des oxymores pour parler de Molière) anecdotes, biographies de personnages réels ou de théâtre, explications techniques sur la mise en scène ou le jeu des acteurs. On sent dans chacune des entrées de ce dictionnaire, l’amour et l’admiration de Francis Huster pour Molière mais aussi la théâtralité du comédien qui n’hésite pas à apostropher le lecteur, engueuler les détracteurs du grand homme ou s’insurger contre les absurdités qu’il a pu lire ou entendre à son sujet. On a parfois, et avec bonheur, l’impression de lire le texte d’une comédie, voire d’assister à une représentation où la gouaille de l’auteur-comédien fait mouche à chaque fois. Ce dictionnaire est donc une véritable réussite qui permet de (re)découvrir Molière, ses pièces, ses acteurs et son époque. Il vous donnera immanquablement envie de relire quelques-unes de ses œuvres ou de (re)voir sur scène des incontournables, tels que Le Bourgeois gentilhomme, ou des comédies plus confidentielles.

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