Littérature étrangère

Mia Couto

Poisons de Dieu, remèdes du Diable

photo libraire

Chronique de Agathe Guillaume

Librairie De beaux lendemains (Bagnolet)

Moins violent que L’Accordeur de silences, sublime roman paru en 2011 chez Métailié, Poisons de Dieu, remèdes du diable confirme le talent de conteur et de poète de Mia Couto.

Sidonio est un jeune médecin de Lisbonne qui débarque à Villa Cacimba, Mozambique, pour retrouver un amour disparu, Deolinda. Il ne va finalement trouver que les parents de celle-ci, qu’il visite jour après jour dans l’espoir d’une piste. En pénétrant dans l’huis clos de ce couple, Sidonio absorbe toutes les rancœurs et les secrets qui lui sont livrés. Le père, Bartolomeo, reste sur son lit de mort à ruminer contre sa femme, Dona Munda. Le poids des non-dits pèse lourd et celui des croyances aussi. Un an plus tard, Sidonio est toujours à Villa Cacimba et en sait un peu plus sur ses habitants, mais il demeure un éternel étranger. Son expérience l’a cependant rendu lucide : « Je suis le voyageur du désert qui, au retour, dit : j’ai voyagé à seule fin de chercher mes propres traces. Oui, je suis de ceux qui voyagent à seule fin de se couvrir de saudades. Voilà le désert, et en lui je me rêve ; voilà l’oasis, et en elle je ne sais pas vivre ». Les mystères de l’Afrique magnifiquement mêlés à la saudade portugaise sont la potion magique du grand Mia Couto. Auteur unique, il sonde l’intimité de ses personnages et explore l’âme humaine avec la grâce d’une écriture puissante. Envoûtant !

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