Littérature française

Lionel Duroy

L’Hiver des hommes

photo libraire

Chronique de Jean-Luc Aubarbier

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PRIX RENAUDOT DES LYCÉENS

 

Lionel Duroy nous offre un roman-reportage sur les combattants serbes de Bosnie, isolés du reste du monde et persuadés de vivre encore dans une société qui n’existe plus.

Marc s’envole pour Belgrade en 2010 afin de trouver la réponse à la question qui l’obsède : pourquoi la fille du général Mladic, commandant en chef des forces serbes durant le siège de Sarajevo, accusé de génocide, s’est-elle tiré une balle dans la tête avec le revolver préféré de son père ? N’a-t-elle pas supporté de voir ce père aimé, dont elle partageait les idées, traîné dans la boue par la presse occidentale ? Est-ce la honte de la découverte des crimes paternels qui explique son geste ? L’auteur compare Ana avec les enfants des dignitaires nazis qu’il a rencontrés : ceux qui défendent la mémoire familiale, comme ceux qui prétendent haïr leur géniteur tout en regrettant le temps où ils ne savaient rien de leurs crimes. En Serbie, Marc s’entretient avec plusieurs lieutenants de Mladic. Il gagne ensuite la petite république serbe de Bosnie et sa capitale, Pale, ancien village de montagne. Il y trouve une population emmurée dans le désespoir, abandonnée de tous, tournant le dos à l’Europe mais persuadée d’avoir mené une guerre juste. Les combattants serbes n’ont pas de remords mais restent impuissants à effacer les traces d’un passé obsédant.