Littérature française

Laurence Biberfeld

La Meute des honnêtes gens

photo libraire

Chronique de Jean-Luc Aubarbier

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Certaines petites maisons d’édition ont l’art de dénicher des bijoux littéraires. Ainsi, la toute jeune maison parisienne Au-delà du Raisonnable a choisi de donner sa chance à Laurence Biberfeld, auteur d’un roman étrange et envoûtant dont le titre est tiré d’une phrase de Prévert : « C’est la meute des honnêtes gens / qui fait la chasse à l’enfant ». Dans les Cévennes, à la fin du XIXe siècle, les conditions de travail dans les magnaneries sont atroces. Exploitées, maltraitées, les fileuses s’épuisent à récolter les fils de soie destinés aux belles dames de Paris. C’est aussi un véritable bagne d’enfants où s’épuisent des jeunes pousses que personne ne veut voir s’épanouir. Ce petit peuple qui fait la fortune des industriels, effraie aussi ces derniers. Ainsi, chacun s’interroge lorsque Lazare Volquès, fortuné filateur cévenol, est retrouvé égogé au bord de la rivière, tout près de son usine. Un siècle plus tard, son descendant Gérard Volquès est assassiné dans les mêmes circonstances. Existerait-il une vengeance sociale qui traverserait le temps ? La meute des ouvriers, domestiques, femmes adultères, clochards, manouches ou squatteurs terrorise toujours le bourgeois. Un roman social ancré dans sa région et néanmoins empreint d’une belle universalité.

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