Littérature étrangère

Tessa Hadley

Le Passé

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photo libraire

Chronique de Sarah Mossman

Librairie Le Bel Aujourd'hui (Tréguier)

Par un bel après-midi d’été, les trois sœurs Crane et leur frère se retrouvent à Kingston, leur charmante demeure familiale au cœur de la campagne britannique. Tessa Hadley signe une comédie de mœurs à l’anglaise, au gré d’une mise en scène riche de nuances tchékhoviennes.

Deuxième sélection du Prix Femina 2017

 

Située dans un petit paradis champêtre, loin des grandes villes où tous les enfants Crane habitent désormais, cette maison sera la scène de retrouvailles, de projets d’avenir : ils devront prendre une décision concernant la vente ou la rénovation de la propriété. Ces trois semaines ensemble seront un moment pour se retrouver et se ressourcer. Elles seront aussi marquées par le passé familial, toujours très présent. Aux côtés de sa ravissante et troisième épouse Pilar, une Argentine aussi belle qu’intelligente, Roland reste toutefois le petit frère en culotte courte. Sa fille Molly, issue d’un précédent mariage, les accompagne dans toute sa splendeur d’adolescente. Présents aussi : Harriet, l’aînée, ancienne militante gauchiste, mal à l’aise dans sa peau de petite-bourgeoise aux principes forts et désirs bridés. Alice, la romantique passionnée et chaotique, qui invite sur un coup de tête Karim, le fils de son ex-compagnon, étudiant boudeur et laconique. Fran, la benjamine, mère des très jeunes Ivy et Arthur, dont le père brille par son absence. Dans ce microcosme de culture britannique contemporaine viennent s’opposer des pulsions contraires, des conflits de générations et de classes. Comme une représentation théâtrale, les acteurs sont sur les planches grinçantes de la vieille bâtisse, s’efforçant de bien jouer leurs rôles. Mais bientôt, chacun à sa manière répond à l’appel de la nature envoûtante, ensorcelé par la beauté pastorale. La passion et l’ardeur refoulées ne demandent qu’à surgir, qu’à reprendre leurs droits. Avec un vrai sens du portrait psychologique, l’écriture de Tessa Hadley est empreinte d’une ironie subtile, dans la veine des grandes auteures anglaise qui l’inspirent, telles Jane Austen ou Elizabeth Bowen.