Littérature étrangère
LEE Mi-Ye
Le Grand Magasin des rêves, t. 2

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LEE Mi-Ye
Le Grand Magasin des rêves, t. 2
Traduit du coréen par Pierre Bisiou
Éditions Picquier
22/08/2025
324 pages, 22 €
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Chronique de
Anne Canoville
Librairie L'Astrolabe (Rennes) -
❤ Lu et conseillé par
7 libraire(s)
- Karine Clugery de Les Mots voyageurs (Quimperlé)
- Laura Vitali de Ars Una (Paris)
- Séverine Aumont-Sanz de Volte pages (Olivet)
- Tracy Pradalier de Germaine Tillion (Paris)
- Victoire Vidal-Vivier de La Bouillotte (Saint-Jean-en-Royans)
- Claire Camblain de Nouvelle (Asnières-sur-Seine)
- Margot Bonvallet de Passages (Lyon)

✒ Anne Canoville
(Librairie L'Astrolabe, Rennes)
Retour dans l'univers du Grand Magasin des rêves, immersif, onirique et cosy à souhait. Fort d'une couche de profondeur supplémentaire, ce deuxième volet conclut le diptyque sans rien perdre de sa magie !
Un an plus tôt, Penny faisait ses premiers pas au magasin de M. Dollagoot, un lieu bouillonnant d’idées où les vendeurs prodiguent à chaque rêveur leurs bons conseils, comme dans une boutique de prêt-à-porter ou une librairie. Nous la retrouvons ici pour sa première négociation salariale. Tout en souplesse et en tranches de vie, cette suite directe ne s'embarrasse guère d’effets dramatiques et nous installe dans le quotidien de personnages familiers. Toutefois, l’émerveillement des débuts laisse place à une exploration plus poussée de l’univers et de la logistique du commerce de rêves : on découvrira aussi bien les arcanes de leur fabrication que le service après-vente, en passant par la laverie (magique, forcément !) des pyjamas et des robes de chambre. On retrouve ainsi la touche de l’autrice et son réalisme magique si particulier, au sein duquel cohabitent des éléments purement enchanteurs, des plaisirs enfantins qui nous donnent l’impression d’évoluer parmi les étals de bonbons et les attractions d’une fête foraine, avec l’envers plus prosaïque du monde du travail et ses lundis matin qu’on déteste. Au bureau des réclamations, le récit prend une tonalité plus ambivalente et sombre, évoquant la mélancolie et l’angoisse provoquées par de mauvais rêves. À cet égard, il continue à mettre en parallèle expérience du songe et développement personnel, les rêves pouvant aussi bien constituer des vecteurs positifs d'introspection et d’inspiration pour la vie diurne qu’être pourvoyeurs de regrets, de culpabilité ou même d’un sentiment d’exclusion. Ceux qui ont aimé se laisser bercer par la simplicité et la douceur de l’écriture de Lee Mi-Ye peuvent néanmoins se rassurer car l’apaisement est toujours de mise : même le créateur de cauchemars sera bien plus charmant qu’il n’y paraît !