Avec Des racines blondes, surprenant roman uchronique qui possède plusieurs niveaux de lecture, Bernardine Evaristo continue d'explorer par la littérature notre mémoire collective et de réfléchir aux mécaniques de domination et de rébellion. Ici, l'esclavage a bien existé mais ce sont les blancs qui ont été soumis. Doris, jeune Anglaise raflée dans son village, nous guide dans cet univers parallèle. Elle va être marquée au fer rouge, connaître toutes les humiliations et les souffrances. Mais elle fait partie des rares esclaves ayant appris à lire et à écrire, elle est intelligente et sa perception des situations emprunte souvent des concepts d'analyse qui nous rappellent qu'on est bien dans une fiction totale. Et puis étonnamment, alors qu'on est au cœur de sujets ô combien douloureux, surgissent des clins d'œil plutôt réjouissants à la culture d'aujourd'hui, qui allègent le propos et évitent une trop pesante sensation de tragique.