Combats de filles

Artemis, Kate, Rachel, Andi et les autres ne se connaissent pas. Elles viennent des quatre coins du pays et, pour certaines, ont débuté la boxe depuis peu. Mais ce qui les réunit sur le ring est cette détermination, cette rage propre à la jeunesse dans un affrontement où il ne reste qu’un vainqueur à chaque combat. Entre les uppercuts et les crochets, la sueur et le sang, Rita Bullwinkel dresse le portrait saisissant de jeunes filles confrontées aux coups et à la compétition du sport, métaphore idoine de la vie. En effet, il s’agit ici pour ces jeunes femmes en quête de soi d’affirmer leur personnalité. Ainsi l’excentricité de certaines boxeuses est mise en avant. Rachel porte un chapeau de raton laveur, comme Daniel Boone, pensant déstabiliser son adversaire avec un accoutrement mi-homme mi-animal. De même, son adversaire Kate récite les décimales de Pi apprises à l’école car elles sont prévisibles et réconfortantes. C’est aussi l’occasion de découvrir les motivations intérieures des combattantes et leurs ressentis. Artemis fait partie d’une famille de boxeurs et visualise déjà qu’elle va gagner la coupe, tout comme sa sœur aînée quatre ans auparavant, même si elle pense qu’elle en tirera moins de mérite puisque sa sœur l’a précédée. Ou bien son adversaire Andi qui fut surveillante de piscine un été et qui culpabilise en se remémorant la mort accidentelle par noyade d’un enfant. De ces combats intérieurs surgiront d’autres angoisses car certaines savent que c’est leur dernier combat et se projettent déjà dans le futur. Tanya deviendra actrice et « apprendra à adapter son visage aux visages d’autres qu’elle ». Andi sera pharmacienne tandis que Kate travaillera comme organisatrice d’événements pour contrôler les choses et le temps. Un formidable roman qui nous rappelle que rien n’est joué d’avance, tout se construit.