Essais

John Dewey

Après le libéralisme ?

illustration
photo libraire

Chronique de Cyril Canon

()

En 1935, le philosophe pragmatique américain John Dewey alertait, à travers une série de conférences, sur les limites du libéralisme et prônait un changement radical de méthode. Ses idées sont toujours d’actualité.

Le libéralisme se fourvoie quand il n’est pas au service du plus grand nombre. Dans les années 1930 aux États-Unis, c’est à cet implacable constat qu’arrivait le philosophe John Dewey. Après le libéralisme ? est un recueil de conférences qu’avait prononcées ce fondateur du pragmatisme, courant de pensées qui ouvrira les portes des sciences sociales en Amérique du Nord. L’idéologie libérale, fondement de la nation américaine a, aux yeux de John Dewey, atteint ses limites. Elle nécessite une profonde refondation qui implique de remettre l’homme au cœur de l’économie pour que puisse être enfin mis en place le vrai libéralisme, à savoir un individualisme mis au service de la sociabilité, des sciences et des arts. Et non plus uniquement aux seuls profits économiques. Cette inversion des priorités est selon lui le seul moyen de préserver la démocratie et d’éviter une société coercitive dominée par un capitalisme égoïste. Ainsi libéré, l’individu se réalisera selon ses capacités. La « révolution libérale » doit entraîner une nouvelle organisation sociale. Ce philosophe de l’éducation prône de nouvelles méthodes basées sur l’expérimentation et l’intelligence collective. Ces idées énoncées dans l’Amérique de Roosevelt et du New Deal, gardent au xxie siècle toute leur pertinence. Elles entrent en résonnance avec notre monde actuel. Dewey décrit la crise économique, la crise morale, la crise des idées… Alors ? Après le libéralisme ? Quoi ? L’auteur ne propose pas à proprement parlé de solution, mais préconise de fonder le libéralisme en le subordonnant à l’éducation. Intellectuel engagé, illustre représentant de l’École de Chicago, John Dewey, dans les années d’avant-guerre, voulait transformer le monde et vantait les vertus de l’éducation, seul moyen véritable d’y parvenir. Une idée qui, une nouvelle fois, demeure d’actualité.