Jeunesse Dès 14 ans

Estelle Faye

L’Héritier des fées

✒ Salomé Fauvel

(Librairie Nouvelle Librairie Baume, Montélimar)

Au cœur des Pyrénées du XIIIᵉ siècle, dans une Occitanie déchirée par la révolte cathare, Estelle Faye signe une fantasy historique romanesque, mêlant magie, quête d’identité et guerre de religion.

Tristan d’Arpégeac, fils d’un seigneur montagnard et d’une Hadè ‒ fée des montagnes dont le pouvoir ne se transmet qu’aux femmes ‒ grandit entre deux mondes. Élevé dans le château paternel sous la protection de son frère aîné Aimeric qui lui enseigne l’art de l’épée, il cherche pourtant ailleurs sa véritable voie. C’est dans les bois, seul, qu’il tente de rejoindre sa mère et ce monde invisible auquel il se sent irrésistiblement lié. À 15 ans, il quitte les hauteurs de son enfance pour partir à la recherche d’Aimeric, disparu depuis quatre ans après s’être engagé dans la révolte. Pour seule arme, il emporte une flûte enchantée offerte par sa mère, un instrument merveilleux qui joue de lui-même et l’accompagne comme un talisman. Le roman prend alors des allures d’épopée : duel inaugural contre un jeune croisé revanchard, rencontres hautes en couleur avec Neya, musicienne libre et ardente, ou encore un colporteur fantasque flanqué d’un âne rouge. À chaque étape, Tristan trébuche, apprend, et sa quête devient autant une aventure héroïque qu’une confrontation au monde, à sa violence mais aussi à sa beauté. La force du récit tient dans ce mélange rare : la précision historique, qui ancre l’histoire dans le tumulte des guerres occitanes, et une magie poétique portée par l’écriture d’Estelle Faye, capable de transformer chaque page en émerveillement. Roman d’aventures mais aussi d’émotions, L’Héritier des fées explore l’amour fraternel, le désir de liberté et la quête d’identité. On s’attache profondément à Tristan, on tremble pour lui et s’émerveille avec lui. Si le livre n’est pas annoncé comme le premier tome d’une série, il en a néanmoins toute la richesse et l’ampleur. On le referme le cœur battant, comblé mais avide d’en lire encore : c’est la marque des grands romans.

Les autres chroniques du libraire