Littérature française
Jean-Philippe Blondel
Un été 79

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Jean-Philippe Blondel
Un été 79
L'Iconoclaste
03/04/2025
262 pages, 20,90 €
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Chronique de
Chloé Pénillault
Librairie Rendez-vous n'importe où (Pontivy) - ❤ Lu et conseillé par 29 libraire(s)

✒ Chloé Pénillault
(Librairie Rendez-vous n'importe où, Pontivy)
Alors que les années 1970 sont sur le point de céder leur place à la décennie suivante, le couple Royer semble également au bord du précipice et la famille pas loin de voler en éclats. Mais l’été est là pour rebattre les cartes et ouvrir de nouvelles perspectives.
Cet été-là, nous le passons avec les Royer. La famille Royer, c’est Michel, le père, cadre à la SNCF, qui vient d’avoir une promotion qui le conduirait à vivre en semaine à Paris pour ne rentrer que le week-end. Cette reconnaissance l’excite, pourrait redonner du sens à son quotidien mais il n’ose pas l’annoncer à sa femme. Sa femme, c’est Andrée, institutrice, qui s’est jetée dans ce mariage pour échapper au carcan familial. Les années 1970 sont passées par là et Andrée se sent tout autant enfermée dans son carcan domestique qu’elle avait rêvé émancipateur. Elle aspire à tellement plus. La famille Royer, c’est aussi Pascal et Philippe, les deux fils, si dissemblables qu’ils peinent à se supporter. Pascal, l’aîné, l’ambitieux, le solaire, a quitté le domicile familial et termine une école de commerce tout en fréquentant une jeune fille de bonne famille. Philippe, lui, est au lycée. Plus discret, plus secret, plus introverti, il se cherche et voudrait bien lui aussi tracer sa route. Mais pour aller où ? Chacun semble prisonnier d’un quotidien qui ne lui sied pas. Tout est non-dits, frustration et dissonances, tout est contenu sous un couvercle qui les étouffe mais permet de donner à voir une famille idéale. Cet été-là, l’été 1979, Michel décide de rompre les habitudes familiales et d’emmener la famille deux semaines dans un VVF des Alpes, plutôt que dans la ferme de ses beaux-parents dans le Sud-Ouest. Pascal n’est pas du voyage, jeune adulte indépendant. Il finira par y venir, rendre visite aux siens et apprécier lui aussi le changement. Ces deux semaines qui rompent les habitudes vont les marquer et, imperceptiblement mais inéluctablement, changer leurs vies. Jean-Philippe Blondel nous livre ici, avec le brio qu’on lui connaît, un très beau roman choral, qui mêle et confronte les points de vue pour dessiner petit à petit une réalité. Un été 79 est le roman d’une époque. Les détails du quotidien ‒ les voitures, les vêtements, la musique, les cabines téléphoniques – donnent une vraie consistance à cette époque en mutation. Les bouleversements de la fin des années 1960 n’en finissent pas de se diffuser et atteignent progressivement toutes les couches de la société : mutations sociales et sociétale, désirs de liberté, aspirations à l’émancipation et pourquoi pas à la joie et la légèreté. Mais c’est aussi un récit universel qui saisit sur le vif la complexité des relations familiales, les incompréhensions mutuelles et générationnelles, la difficulté à trouver sa place dans le couple, la famille, la société.