Essais

Collectif

Pourquoi Camus ?

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Chronique de Mélanie Le Loupp

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Difficile de condenser la vision qu’on a d’un grand homme au sein d’un simple article. 2013, année du centenaire de la naissance d’Albert Camus, est une date importante pour nous Français, pour les Algériens, mais aussi pour tous ceux qui, dans le monde, croient en une parole juste.

Philippe Rey est un éditeur précieux. Il a pris la très heureuse initiative de solliciter des écrivains, journalistes et universitaires en leur demandant de dire ce que représente à leurs yeux Albert Camus, et en quoi sa lecture demeure d’une brûlante actualité. Eduardo Castillo, Alexis Jenni ou encore Jacques Ferrandez explorent chacun une facette de l’auteur de La Peste, cet homme qui n’était ni tout à fait algérien, ni tout à fait français, ni tout à fait espagnol, qui resta toute sa vie un « hôte » accueillant et accueilli. Les vingt portraits regroupés dans l’ouvrage dessinent le portrait d’un humaniste pour qui la « vérité [est] ce qu’on est d’abord ». C’est son récit autobiographique, Le Premier homme (Folio), qui paraît avoir au premier chef marqué la majorité des contributeurs. Et si le secret d’Albert Camus n’était pas tout entier contenu dans les replis de ce livre qu’il n’a pas eu le temps de finir, cueilli par la mort au détour d’une route, à l’intérieur d’une Facel Vega ? Le Premier homme apparaît comme une sorte de condensé de la vie de Camus et des théories qui l’occupaient depuis qu’il avait commencé à écrire. Il y parle de l’Algérie, de sa mère adorée, du football, de la gauche… Cet auteur, solitaire et solidaire comme le décrit Jean-Yves Guérin, fut le héros d’une utopie, celle de la liberté. Pourfendeur des totalitarismes, de l’oppression et de l’injustice, sa pensée demeure aujourd’hui encore, à l’heure des révolutions arabes et des bouleversements en cours aux Moyen et Proche-Orient, un modèle riche d’enseignements selon Martin Frieyro. Pour Macha Séry, il convient de mettre en avant la lucidité et la rectitude intellectuelle de Camus. Alexis Jenni décrit quant à lui un « premier homme » obstinément tourné vers ses semblables. Notons la parution chez Fayard d’un ouvrage de Baptiste-Marrey consacré à Camus.