Essais

Paul Veyne

Palmyre

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photo libraire

Chronique de Christine Milhès

Librairie Privat (Toulouse)

Alors que Daech détruit l’antique cité de Palmyre, l’un des joyaux de l’humanité, Paul Veyne, spécialiste de l’Empire gréco-romain, fait revivre cette ville naguère palpitante de vie.

Je voulais voir Palmyre et je ne la verrai pas. Elle tombe sous les coups des soldats dévoyés de l’islam. Avec son ouvrage, Paul Veyne dresse un rempart à la barbarie. Dédié au directeur des Antiquités de Palmyre, décapité par les terroristes en 2015, cet amoureux de la « Venise des Sables » nous offre un essai, petit par sa taille mais grand par son contenu. Grâce à lui, tel un mirage, elle renaît sous nos yeux. Je voulais voir Palmyre… elle se profile à l’horizon sous la plume de l’historien. Elle se dessine. Sa colonnade de plus d’un kilomètre nous apparaît comme dans un rêve, tel qu’Hölderlin l’avait vue : « forêt de colonnes dans l’immensité du désert ». Mais que sont devenues ces colonnes hautes de plus de dix mètres ? Et que dire du temple de Bêl, témoin d’une grande civilisation du désert, réduit à l’état de poussière, de même que celui de Baalshamîn ?… Notre antiquisant nous guide dans la cité gréco-romaine de l’an 200. Et comme toute cité digne de ce nom, elle avait une agora flanquée de quatre portiques et 200 statues, elle possédait son théâtre, l’un des plus petits du monde Antique. Je voulais voir Palmyre et, tel le Phénix, elle renaît de ses cendres. La vie quotidienne de ses habitants est magnifiquement narrée par l’auteur. Ville caravanière et république marchande entre la Méditerranée et l’Euphrate, on y croise l’Araméen côtoyant le magistrat romain et le négociant grec. Aujourd’hui encore résonnent les noms de la reine Zénobie et des soixante divinités que l’on vénérait entre les murs de la ville, qu’elles soient araméennes, mésopotamiennes, perses… Aujourd’hui encore, l’odeur des épices flotte. Aujourd’hui encore, les bijoux des belles Palmyréniennes tintinnabulent et leurs soieries bruissent au cœur du désert. Je voulais voir Palmyre et j’ai vu Palmyre. Depuis 4 000 ans, la cité, qui s’appela aussi Tadmor, est là. Et à jamais nos mémoires en garderont le souvenir.