Jouer le jeu

Son premier roman reçut un vif succès critique lors de sa sortie à la rentrée littéraire de 2020. Il a même été adapté au cinéma cette année et a remporté le prix d'interprétation féminine à Cannes. Fatima Daas poursuit son œuvre en publiant cette rentrée son deuxième roman, Jouer le jeu. On y suit Kayden, une jeune femme qui débarque en seconde et qui ne sait que faire de sa vie. Elle est heureusement bien entourée par sa mère et sa sœur aimantes et des amis soudés. C'est lorsqu'elle rend un devoir de français que sa route, sans doute déjà tracée, se modifie : la prof lui indique qu'elle peut faire quelque chose d'elle, l'amener loin. On suivra Kayden dans ces trois années au lycée, années déterminantes dans une vie, tant dans les liens amicaux, dans les projections d'avenir, que dans les premiers amours bouleversants. Fatima Daas nous propose ici la poursuite de sa réflexion autour du déterminisme social et des chances de « s'extraire » de sa condition sociale par la « machinerie scolaire ». Elle place au centre de son roman une jeune femme musulmane et lesbienne, bousculée dans sa propre découverte et son cheminement intérieur ‒ clin d’œil à la Fatima de La Petite Dernière. Et pourtant, c'est bel et bien une autre jeune femme, comme si l'autrice voulait nous montrer que ces vies pourtant similaires sont légion. Nombre de jeunes femmes et de jeunes hommes, racisés et issus de ces fameuses ZEP, sont mis au rebut de la société, par classisme. Bien que tout soit fait pour les opprimer, les empêcher, les décourager, c'est pourtant à eux que l'on demande de « jouer le jeu ». Mais comment faire quand les règles du jeu font toujours gagner les mêmes ? Un grand roman social, intime, touchant, révoltant et brut qui signe enfin le retour de Fatima Daas sur le devant de la scène littéraire.