Littérature française

Sébastien Lapaque

Théorie d'Alger

illustration
photo libraire

Chronique de Christine Jankowski

Librairie Tome 19 (Revel)

Après Théorie de Rio de Janeiro (Actes Sud), Sébastien Lapaque explore en une flânerie élégante « Alger la Blanche ». Une consigne simple semble le guider : bien dormir, beaucoup rêver, tout noter.

L’auteur nous invite à déployer tous nos sens pour l’accompagner dans une découverte des bruits, des odeurs, des histoires, que véhicule le dédale des rues d’Alger. Pour saisir les mots avant qu’ils ne s’enfuient, il note tout. Les lieux, les rencontres, les noms, les confidences dans les bars informels. Quand il sent qu’il n’a pas extrait l’entière moelle d’un lieu ou d’une rencontre, il retourne sur ses pas. Alger a tant à dire. Cette folle joie qui envahit les rues un soir de match de foutebale. Les rues débaptisées après l’Indépendance. Les interminables soliloques des taxieurs. C’est chargé d’émotion et de vie. L’auteur aime Alger pour son désordre, pour sa gentillesse. Chaque échange avec un Algérois est un objet d’enchantement ou de querelle, les sujets ne manquent pas. Said l’accompagne dans sa quête de la tombe de Catherine Sintès, mère de Camus, dont Arezki fustige les positions. Brahim, gardien du cimetière, évoque les années noires du terrorisme, et Sofiane lui conte l’attrait des Algériens pour la beauté du Chardonneret élégant. Il aime Alger pour ses hommes de lettres ou d’action, Albert Camus, Paul-Jean Toulet, André Mandouze, Monseigneur Duval. Le roman de Sébastien Lapaque est une déclaration d’amour à Alger, un hymne à la générosité, à la pudeur de ceux qui accueillent avec le cœur.